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S'élever pour éviter le déclin

S’élever pour éviter le déclin !

Dans son éditorial du numéro 5 du magazine « Forum de la polonité » de juillet-août 1984, Jean Lesniewski, son fondateur, écrivait :

« Il est étonnant de constater que de nos jours encore, dans l’esprit de nos concitoyens, l’image traditionnelle des Polonais de France n’a pas ou pratiquement peu changée, variée depuis des années. A preuve : une réflexion d’un publicitaire, lorsque je le sollicitais pour une annonce dans Forum : « … quel intérêt ? Les Polonais n’ont pas un pouvoir d’achat élevé !... » Réflexion d’ignorance sans doute, mais combien révélatrice d’une tradition bien ancrée dans l’esprit des gens, et ce ci depuis plus de 60 ans ! Tradition que nous avons conservée par devant nous-mêmes, malgré notre désir forcené d’intégration.

Si intégration il y a, ce qui est certain, nous devons néanmoins donner une autre image de nous-mêmes, en fait, sortir de l’immobilisme qui caractérise encore aujourd’hui la communauté franco-polonaise. Car, ne l’oublions pas, une nation est constituée de groupes ethniques. Chacun et réciproquement y apporte sa culture, son travail, et sa différence. Si nous intégrons ce postulat, alors une grande partie du chemin sera fait, vers une reconnaissance mutuelle, ceci à une époque troublée par de graves problèmes socio-économiques »

Dans un dossier important consacré à l’immigration polonaise, le 24 décembre 1993, près de 10 ans plus tard,  La Croix Nord-Pas-de-Calais donnait une page à  Gabriel Garçon, qui concluait :

« Un danger réel réside donc dans le fait que chacun poursuive son action de son côté. Ce qui pourrait alors se produire est le déclin de la vie associative »

Dans ce blog en 2023, je multiplie, avec quelques amis de la Polonia, les réflexions et les propositions pour que l’immobilisme dénoncé par Jean Lesniewski il y a près de 40 ans,  et le déclin annoncé par Gabriel Garçon il y a près de 30 ans ne soient pas inéluctables.

On me dira qu’ils se sont trompés, que les manifestations organisées pour célébrer le centenaire ont prouvé la vitalité de la Polonia française. Certes, en apparence, c’est vrai. Mais avec un minimum de lucidité et un peu d’honnêteté intellectuelle, on reconnaîtra que les manifestations,. en général, ont été vécues dans l’entre soi, fondées sur la reproduction de ce que l’on fait depuis toujours, sur le passé, la nostalgie, la fête et la nourriture traditionnelle. A l’heure de l’Europe, du renouvellement des générations et des pratiques sociales, de l’élévation du niveau culturel de la population, du développement de la communication et de la diffusion des savoirs de l’humanité, cette persistance ne peut pas ne pas inquiéter ceux qui se préoccupent de l’avenir de la société.

Sur 50 évènements analysés dans un site, seuls 4 peuvent être classés dans une rubrique « Evènements culturels » conçus pour intéresser tous les publics, ayant des racines polonaises ou non : exposition historique, conférence, concert… Tous les autres sont dans les catégories, souvent regroupées : messe, spectacle folklorique, banquet, bal, fête, marché certes ouverts à tous, mais on sait ce qu’il en est, ouverts aux  anciens et aux jeunes, mais on sait ce qu’il en est aussi… Si un tel constat ne fait pas réfléchir, il y a de quoi désespérer de la nature humaine.

Plusieurs correspondants plaident pour un souffle nouveau pour la Polonia, pour une ouverture des programmes de festivités faisant une place plus large à la culture, à la musique, aux livres, aux relations avec la Pologne et avec les Polonais d’aujourd’hui, cherchant à intéresser tous les publics qu’ils aient un lien avec la Polonia ou non, qu’ils soient membres d’autres communautés issues d’immigrations ou français de souche, offrant la possibilité aux jeunes générations d’apprendre toujours, de découvrir, de partager, de s’élever, de penser.

Il serait peut-être temps au lendemain de la célébration du centenaire de donner une autre image de notre Polonia que l’image réductrice que l’observation de nos agendas peut donner à ceux qui n’ont aucun lien avec nos coutumes et à ceux qui viennent de Pologne et qui nous regardent parfois avec une certaine commisération.

La création d’un Institut national de la Polonia,  guidée par l’intelligentsia issue de l’immigration, à la jonction du patrimoine, de la mémoire, de l’histoire, et du mouvement des idées, nous permettrait-elle de sortir du passé, de l’immobilisme et d’éviter le déclin ?

 

Le 21/05/2023                                                           Pierre Frackowiak

 

Note : Le « forum de la polonité », ce magazine créé par Jean Lesniewski, il y a plus de 40 ans, avec beaucoup d’intelligence et une vision optimiste de l’avenir avait tenté de donner l’exemple. Il serait aujourd’hui sans aucun doute un site internet  Voir le sommaire du numéro que j’ai entre les mains :

  • Ces enfants de l’immigration qui ont « réussi » avec des portraits dont un, un cardiologue, a fait le choix de « trahir ses origines » Par Lise Wion
  • Chronique musicale par Claire Collart
  • A vu, regardé, écouté… des commentaires sur des émissions écoutées ou vues, par Lise Wion
  • La communauté polonaise en France. Les naturalisations entre les deux guerres.
  • Parlons polonais. Présentation d’un livre de Jean Lasek
  • Sobieski, roi de Pologne et libérateur de Vienne, texte d’Edmond Marek
  • D’où vient votre nom, une analyse de Christian Orpel
  • Trois comptes rendus synthétiques sur des évènements (plus importants que l’annonce elle-même). Deux consacrés à des initiatives d’organisations non polonaises : Un salon du livre et une exposition Chopin et un article de E. Oszczak sur l’inauguration d’une avenue Lech Walesa à Rosny-sous-bois

 

Appel : si un lecteur du blog pouvait me dire ce qu’est devenu Jean Lesniewski que j’ai perdu de vue depuis longtemps déjà, que j’avais rencontré souvent au Conseil Régional alors qu’il voulait mon soutien pour obtenir une aide financière pour son magazine, difficile à décrocher d’ailleurs, tant les élus en général considéraient qu’il aurait fallu faire la même chose pour les autres immigrations.

                                                                                                         

 

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Des lieux de culte aux lieux de culture

Des lieux de culte aux lieux de culture

Pour un Institut Culturel de la Polonia, multipolaire.

Le vrai rêveur est celui qui rêve de l’impossible. Elsa Triolet

Même si cela ne se traduit pas par de nombreux commentaires directement sur le blog, mon dernier kamien fait du bruit et fait réfléchir. Les échanges par mail avec des correspondants de toute la France se multiplient. Je préparais une première synthèse des pas en avant proposés, quand l’un d’eux, fin connaisseur de la Polonia, de son histoire, de ses pratiques, lecteur attentif et critique (au sens large et élevé du terme) du blog, me fait part de l’évolution de sa pensée sur la construction d’un projet pour l’avenir de la Polonia

La mise en évidence que le projet de Centre Culturel de la Polonia, implanté dans le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, ne suscite guère l’intérêt de la communauté polonaise, ni au niveau des associations, ni au niveau du Collectif lui-même (aucune réaction depuis la création du blog), interpelle tous les observateurs. Le billet récent de Jean-Luc Sochacki signalant qu’un tel centre aurait pu légitimement être implanté dans d’autres bassins miniers ou industriels de France, comme dans le Calvados, à Soumont Pontigny, qui comptait plus de Polonais que de Français en 1930. Il cite de nombreuses autres régions où sont organisées des actions culturelles qui dépassent l’entre-soi et l’éphémère, l’un des mes slogans !.

Voici la belle idée de cet ami. J’espère que son message sera largement diffusé et fera l’objet de nouvelles propositions.

Et si la Polonia se réveillait enfin pour se mettre à rêver à vos côtés ?

Et si les Polonia de toutes régions de France constituaient des ‘’dossiers’’ d’acquisition (pour le franc symbolique ou un peu plus) des églises désacralisées ou en cours de désacralisation dans leurs régions (il y en aura de plus en plus) pour les transformer en lieux de cult(ur)e, de mémoires, de célébration, des musées vivants, des salles de spectacles ou de conférences

Quand je parle de Polonia, je pense que ces édifices pourraient devenir non seulement des maisons de la Polonia, mais les Maisons des Allochtones de France. Il y a de la place pour tous dans l’église… Si je me souviens bien des mots d'un Certain J.C ou de ses douze condisciples.  Cela vaudrait mieux que de voir ces édifices religieux devenir des commerces, des dancings ou des bars.

Pour rendre cet édifice autosuffisant en énergie, il faut comme cela a été fait à Loos en Gohelle (ville verte devenue célèbre) installer des panneaux photovoltaïques ou autres sur le toit. Et voilà déjà des économies d’exploitation…

Pour mettre en confiance les autorités religieuses, politiques (ministères Affaires étrangères, Culture, Europe, Education, …), et autres élus locaux, La Polonia pourrait constituer un capital d’un à deux millions d’€uros… On estime qu’il y a environ deux à trois millions de français qui ont des origines polonaises. Si seulement un tiers de ces personnes mettaient un €uro dans le "nourrain", comme disait Maitre Capello en son temps, cela ferait un capital social d’un million d’€uros. Pas mal… Ce qui rassurerait les suiveurs potentiels ...

Et,  comme il « phosphore » toujours beaucoup, il ajoute dans un nouveau message :

Comme cela a été fait pour le Jardin de la Paix à Neuville saint Vaast,  il faudrait que la réhabilitation de ces édifices soient menées conjointement par la France et la Pologne dans un cadre européen…

Cette année, Stanislaw Fischer, figure parmi les lauréats de Wybitny Polak qui recevront leur distinction en octobre prochain. Stanislaw Fischer est un architecte d’origine polonaise, il pourrait être le coordonnateur du projet et le travail pourrait être réalisé par des entreprises locales en collaboration avec les lycées techniques (à la mode aujourd’hui si on croit aux dernières paroles de notre président…), en liaison aussi avec les agences de l’emploi pour la réinsertion.

Merci, cher ami, pour cette contribution de nature à surmonter les blocages, les lenteurs, les petits conflits. Certes, il faudrait recueillir les avis de tous les acteurs de la Polonia de France, rassembler les idées de concrétisation possible. J’ai toujours pensé que, pour avoir du sens, tout projet devrait s’enraciner dans les lieux possédant un patrimoine immobilier caractéristique de la Polonia, comme une église et son environnement immédiat. Je n’avais pas « vu » jusqu’à l’utilisation des lieux de culte désacralisés, plutôt que de les laisser disparaître. Certes, il faudrait une structure pertinente pour recueillir les fonds (peut-être une fondation), un site internet dédié, vivant, ouvert à tous, la recherche des accords des Etats et des collectivités territoriales, le démarchage de mécènes potentiels pour chaque site proposé et retenu, etc. Des liens avec l’Institut Polonais de Paris, la Bibliothèque Polonaise, avec les structures mobilisées pour l’apprentissage du polonais, pour le cinéma, pour les grandes expositions dans les musées,  avec les universités, pourraient être contractualisés pour développer le rayonnement culturel polonais

Un nouveau flambeau est allumé. Reste à le porter collectivement, avec un conseil scientifique et des personnalités connues du grand public. Les trois années de célébration du centenaire de l’immigration pourraient se clore en ouvrant un grand chantier national pour créer et faire vivre la Polonia du futur.

L’idée de Centre Culturel de la Polonia de France fait son chemin, évolue, s’élève, après avoir trop longtemps stagné.

L’idée d’aider le Collectif Polonia des Hauts de France à se transformer, à s’ouvrir, à s’élargir, à communiquer méthodiquement, à mobiliser l’intelligence collective, et à porter un grand projet pérenne pourrait lui permettre de donner du sens à son action.

L’idée de Conseil Représentatif des Institutions de la Polonia de France pourrait faire son chemin en se fixant un grand projet national qui ne soit pas réduit pas à de l’administration ou à des manifestations éphémères.

Oui, il faut rêver encore, communiquer pour stimuler la pensée, réunir les compétences, donner de l’enthousiasme….

 

Le 15/05/2023                                               Pierre     Frackowiak

Quelques informations et commentaires

La discussion sur la proposition de création d’un institut (pour éviter le mot « collectif » déjà utilisé ou le mot « centre » qui n’est plus pertinent s’agissant d’une structure multipolaire) pour la Polonia de France, bat son plein. Une idée qui intéresse les Polonia des diverses régions françaises avec la mise en réseau de structures emblématiques dans chaque région, avec une surveillance de l’avenir des lieux de culte susceptibles d’être désacralisés, et la mobilisation des amis de la Polonia et de la Pologne, réellement soucieux de l’avenir de la Polonia et des relations avec la Pologne contemporaine.

Ce type de réflexion collective de fond  manquait, car il ne suffira pas de juxtaposer les activités traditionnelles locales, ni même d’organiser des rencontres formelles sans projet mis en débat bien en amont, pour valoriser l’histoire de la Polonia, honorer nos aïeux, construire des politiques culturelles concertées, développer les relations entre la France et la Pologne moderne.

Simon Juskowiak, qui connait très bien la Pologne contemporaine et les milieux des nouveaux immigrés polonais en France attire une fois de plus, notre attention sur les relations entre la Polonia et les nouveaux immigrés polonais qui, en général, sauf s’ils ont des relations familiales en France, ne s’intéressent pas aux activités traditionnelles de nos associations, quand ils ne les observent pas de loin avec un air amusé, retrouvant les usages de leurs aïeux. Cela devrait nous faire réfléchir.

Il apprécie la nouvelle proposition, il écrit : « Qu'il   y  ait  un  sursaut,  je ne  peux  que  m’en  réjouir,  à  condition  que  toute  entreprise  nouvelle  soit  l'objet  d'une  sérieuse  étude culturelle et économique,  prenant en considération  la  fraiche   et  ininterrompue  immigration  qui  arrive de Pologne,  avec sa jeunesse, sa  culture, son  langage  english,  et  sa religion encore très active ( même si  le pays mère  est  sévèrement  divisé sur  ce plan, comme en France). Pour  mieux  appréhender   cette évolution, il conviendrait d’analyser l’importance de la présence en France de ces nouveaux immigrés pour le travail ou pour les études, un nombre qui ne cesse de croître dans toute la France depuis une quinzaine d’années. Il serait en effet curieux que l’on s’efforce de développer les relations avec les Polonais de Pologne et la Polonia, et que l’on ignore les Polonais qui viennent, vivent et travaillent chez nous »

A voir : l’annuaire des associations sur le site de polskanova.com. Surprenant le nombre et la diversité des associations « polonaises » en France, dont un grand nombre relativement récentes, ce qui tend à prouver qu’elles ne peuvent pas être repliées sur le passé et qu’elles ont pris une dimension beaucoup plus large, éminemment culturelle. Beaucoup ont d’ailleurs leur siège dans des centres culturels communaux, intégrant leur action dans les politiques culturelles des collectivités.

Evidemment, tout cela est à discuter…Par exemple, dans ce blog, un des endroits où il est possible de dialoguer librement…

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Le projet de centre culturel de la Polonia, une fausse bonne idée?

Kamien n° 24

Le projet de centre culturel de la Polonia, une fausse bonne idée ?

A l’évidence, la réflexion sur la création d’un centre culturel de la Polonia ne suscite guère d’intérêt au sein de la communauté polonaise. Il est vrai qu’elle n’a pas été diffusée, débattue, mise sur le devant de la scène de la célébration du centenaire de l’immigration massive, proposée à la réflexion des universitaires, des penseurs, des artistes, des personnalités,  issus de cette immigration, et que personne ne s’en est réellement emparé pour la faire partager et la promouvoir. On aurait pu penser qu’il fallait profiter du centenaire pour la porter, cela n’a pas été le cas. On a plutôt fait d’autres choix en concentrant les efforts sur la poursuite des activités traditionnelles locales, dans l’entre soi, sans autre ambition que la perpétuation de ce que l’on sait faire, tant que l’assimilation n’aura pas complètement fait son œuvre avec le temps qui passe et les générations qui s’éloignent..

Il est vrai qu’un tel projet n’avait de chance d’aboutir que s’il avait été porté par un collectif très ouvert, avec quelques personnalités charismatiques, des experts reconnus du monde de la culture populaire, des cautions morales et politiques crédibles, un souffle nouveau. Avec le recul, il faut bien admettre que seule une structure comme l’ICEP, institut des civilisations et études polonaises, créé à Lens dans le cadre de l’Université d’Artois, aurait pu s’engager dans cette voie pour la promotion de la richesse de la double culture et pour un développement des relations culturelles avec la Pologne. Malheureusement, l’ICEP est mort dans l’indifférence générale et enterré dans la plus grande discrétion.

Aucun des prérequis n’a pas pu être réalisé au cours des années de la célébration, malgré quelques démarches individuelles, plus ou moins secrètes de crainte qu’un autre s’empare de l’idée ou prenne un pouvoir ! :

  • Le lancement du concept par le secteur associatif, bénévole, avec un programme culturel donnant des exemples d’actions culturelles nouvelles possibles, dépassant le local, un programme de préfiguration en marche en quelque sorte.
  • Le choix d’un lieu remarquable, avec un patrimoine immobilier pertinent par rapport à la philosophie du projet (idée voisine d’écomusée) et si possible au cœur d’un réseau d’entreprises culturelles,  ouvert aux  possibilités d’actions communes
  • La création d’un comité de soutien avec des personnalités marquantes et des représentants de la Polonia de toute la France, ce comité étant appelé à devenir un conseil scientifique
  • Un plan de communication avec un site internet dédié, très ouvert, privilégiant le débat et les actions innovantes, avec des informations quasi quotidiennes immédiatement accessibles

Plusieurs amis avaient raison : ce n’était qu’un rêve. L’un d’eux, historien, m’avait écrit, il y a longtemps déjà que ce rêve était impossible, la Polonia étant tellement complexe et divisée et n’ayant pas une grande ambition collective pour le futur. Pourtant combien de projets considérés comme impossibles ont-ils réussi dans l’histoire de l’Homme? J’aime cette citation de Mark Twain « Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait. ». Mais je sais aussi qu’ « à l’impossible, nul n’est tenu »  Saint Thomas-d'Aquin (13e siècle)

Le blog « La Polonia au futur » va donc changer d’orientation en se projetant dans l’éducation et la culture populaires, valorisant toutes les initiatives culturelles innovantes dans la vie de la Polonia et des relations culturelles entre la Polonia et la Pologne.

Peut-être qu’en comptant sur les autres (les grandes entreprises culturelles, les services culturels des communes, des départements, des régions, de l’Etat, et les mouvements d’éducation populaire, etc), on réussira enfin à inscrire la Polonia dans le futur.

 

Le 13/05/2023                        Pierre Frackowiak

 

PS. Je rappelle à nouveau que cette vision du futur de la Polonia n’est pas en contradiction avec la nécessité de toujours rendre hommage à nos anciens, ceux de la première génération d’immigrés, en respect de leur mémoire et en reconnaissance de leurs sacrifices pour nous permettre de devenir ce que nous sommes. Pas en contradiction non plus avec l’objectivation du passé en rassemblant les archives et surtout en trouvant le moyen de les mettre à la disposition du grand public. Et pas en contradiction non plus avec ce qui nous permet de chanter, de danser, de manger « polonais ». A la condition de ne pas oublier que la meilleure manière de célébrer le passé, c’est de construire l’avenir

 

 

La contribution de Jean-Luc Sochacki, docteur en sciences de l'éducation, professeur, ne manquera pas d'interpeler. 

Bonjour Pierre et merci pour ce nouveau Kamien qui incite toujours à la réflexion.

Est-ce qu'au lieu de l'idée du centre culturel de la Polonia (et puisque l'idée même de la Polonia semble compliquée - difficile à bouger), un centre culturel de la Stara Emigracja (on peut aussi débattre/réfléchir sur ce nom de Stara Emigracja aussi du reste... rien ne doit être immuable) ne serait pas une piste plus pertinente ? Dissocier ou  abandonner l'idée de Polonia (d'association d'associations et ses complexités) et se focaliser sur la Stara Emigracja ? Un centre culturel de la Stara Emigracja trouverait alors sa pleine légitimé d'être installé à Lens où il conviendrait de "prendre la roue" (comme on dit dans le cyclisme) de ce qui a pu être fait avec le Louvre-Lens et à Lewarde ? Avec une partie Histoire/approche type musée et une partie centre culturel - avec toute la dimension éducative qui doit être au centre d'un tel projet?

N'arrêtons surtout pas les réflexions amorcées par vos Kamien, semaine après semaine, et après tout, pourquoi s'interdire de rêver .... ?

 

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Supplique aux amis de la Polonia

Kamien 23

Supplique aux amis de la Polonia

Pour son avenir

 

La période de célébration du centenaire de l’immigration massive des Polonais en France se termine. Qu’en restera-t-il ? Et quelles sont les voies tracées pour  garantir son avenir ?

Le temps est venu de faire le bilan, objectivement, en se posant toujours la question de ce qu’il reste de ces moments.

Que l’on ne se méprenne pas, que l’on ne s’offusque pas, j’ai le plus grand respect pour tout ce qui a été fait au cours de ces 3 années. Respect et admiration. Bien des initiatives ont été couronnées de succès. Essentiellement, il faut bien le reconnaître, dans  l’entre-soi, pour le local, pour l’éphémère. Evènements brillants, émouvants, souvent très beaux, souvent très intéressants, mais sans voies tracées  pour l’avenir.

Que reste-t-il en termes d’impact sur l’ensemble de la population, en termes d’image, en termes de traces, en termes de mise en perspective, en termes de projet pérenne, crédible, mobilisateur au-delà de la Polonia ?

Certes, il y a  les livres. Ils sont éternels. Encore faut-il que leur diffusion soit bien traitée, que la publicité en soit faite dans les associations, les médiathèques, les services culturels des villes. A cet égard, les efforts de Patrice Dufossé, Editions NordAvril, sont à saluer. Sa collection de livres sur la Polonia est, à ma connaissance, extraordinaire. L’ensemble de la collection mériterait une analyse experte sur ses choix, sur les auteurs aidés, sur la place du livre dans les familles d’origine polonaise. Elle mériterait également de faire l’objet de conférences, de débats, de production d’écrits complémentaires. Ce que pourraient faire les associations et ce qui pourrait être un pôle central pour un centre culturel de la Polonia

Certes, il y a les archives qui s’accumulent à de nombreux endroits, parfois complètement inconnus du grand public. Elles sont souvent difficiles à consulter, peu exploitées hors des historiens. L’initiative de Michel Zerkowski [1] est un cas particulier remarquable : des archives complètement numérisées, directement exploitables par les familles, qui sont complétées régulièrement. Elles pourraient  se retrouver dans un centre culturel dans le cadre d’un partenariat.

Certes, il y a les timbres du centenaire d’Edouard Papalski, sur le modèle des timbres du cinquantenaire à une époque où la correspondance postale était encore le moyen de communication qui s’imposait à tous, avant de quasiment disparaître avec le développement des technologies qui ne sont même plus nouvelles. Le symbole restera

Certes, il y a toutes les actions portées par le Collectif Polonia des Hauts de France [2] qui s’efforce de rassembler les associations, de réaliser des projets pouvant avoir un impact plus large que celui des associations locales. La semaine commerciale avec l’Autoshopping d’Auchan, au croisement de l’économie et de la culture, est une réussite à de nombreux points de vue qui vont au-delà de la simple consommation. Pourra-t-elle être transposée dans d’autres grandes surfaces commerciales, avec un projet comparable ?

Des idées plus conformes à une large vision culturelle émergent un peu, comme l’idée d’un festival « Chopin au jardin » dans les jardins publics de la région, ou l’exploitation des « journées du patrimoine », en particulier dans le secteur du bassin minier, patrimoine de l’UNESCO. Peut-être aussi un festival folklorique, un festival du cinéma polonais, des expositions vraiment itinérantes avec des animations, peut-être en partenariat avec l’Institut Polonais de Paris, etc. Par contre, il faut bien admettre qu’il ne reste rien de marquant, bien peu de traces sur les thèmes prévus [3] pour célébrer le centenaire (Polonia France Héritage). En tout cas, malheureusement, on ne trouve guère la matière nécessaire pour enraciner les actions dans une perspective d’avenir.

Alors, il y a un rêve : la création d’un centre culturel de la Polonia de France. Mais personne n’en parle. Personne ne sait trop ce que c’est ou ce que cela peut être, et il n’y a aucune animation autour du concept. On attend le congrès qui aura lieu en novembre 2023 à Oignies pour lancer un autre programme thématique, mais chacun sait, et la preuve en a été faite, qu’un congrès aussi réussi soit-il en tant qu’évènement ponctuel, ne peut pas être un point de départ s’il n’est pas préparé bien en amont au niveau des contenus et des orientations, mis en débat dès le lendemain du congrès précédent.

Un tel rêve ne pourra jamais se réaliser s’il n’est pas conçu et porté par une large base représentative des associations, des différentes mouvances de la Polonia, avec un plan de communication régulièrement alimenté, avec le soutien des intellectuels, des artistes, des élus d’origine polonaise, avec un programme culturel annuel de préfiguration.

Ce rêve peut-il être partagé, soutenu, rendu crédible par des dizaines de signatures connues ?

J’aimerais avoir l’avis des lecteurs de ce blog. Il approche des 1000 visiteurs avec plus de 2000 pages vues, mais il manque de relais [4]  sur des sites bien fréquentés, sur les sites liés à l’ambassade, sur les blogs…

Dans un commentaire à mon « kamien » précédent, Jean-Luc Sochacki, docteur en sciences de l’éducation et auteur, écrivait : « Faire un rêve, faire partager le rêve le plus largement possible"...Et si toute cette histoire d'organisation de la Polonia n'était qu'un vœu pieux, un rêve, une illusion ? Si le rêve était finalement (peut être) la meilleure chose et LA solution (la vraie, l'ultime) !?! ;) Pourquoi toujours vouloir se perdre dans des réalités et exiger du concret? » 

Peut-être a-t-il raison ? En rester au rêve, l’habiller de quelques phrases et slogans inactifs, se satisfaire de nos cérémonies, messes, repas et fêtes, soit en se disant « après moi, le déluge », soit en s’abandonnant à la nostalgie. Alors ma supplique et mon blog sont vains. Qui sait ? On verra.

Le 04/05/2023. Pierre Frackowiak

NB Je n’oublie pas l’important travail réalisé par des amis  pour la mémoire collective de la Polonia, pour les hommages à rendre à ces milliers d’immigrés de la première génération, nos grands parents, nos aïeux, qui ont fait tant de sacrifices. Je pense à René Zalisz et à ses efforts et tentatives pour que leur mémoire soit honorée dignement, à Simon Juskowiak, et à tant d’autres qui se battent dans l’ombre.

 

[1] Michel Zerkowski. Musée virtuel. Traces polonaises en France. Documents et photos numérisés accessibles gratuitement

[2] Avec Edmond Oszczak et l’infatigable Sylviane Kowalczyk, qui se bat sur tous les terrains, sans que l’énorme travail qu’elle réalise soit connu, valorisé, mis en débat, pour avancer.

[3] Année du centenaire, année du patrimoine polonais, année de la Polonia active, année des fêtes, traditions, paroisses. Qui seulement s’en souvient ?

[4] Merci à Michel Zerkowski, Hania Raczak, Jean-luc Sochacki, Christian Nowicki,  qui ont bien voulu attirer l’attention de leurs lecteurs et/ou amis sur ce blog, et à Claude Wikczak qui le cite parfois dans sa newsletter foisonnante et fréquente..

Le commentaire de Patrice Dufossé Rybka (Editions NordAvril) nous conduit naturellement à approfondir notre réflexion sur l’avenir de la Polonia. Voir ce commentaire tout en bas de la page.

Patrice insiste sur le rôle des élus et, plus généralement, des corps intermédiaires, pour porter un projet inscrit dans une politique de territoire. C’est évident. Ils ont nécessairement une vision prospective, sauf s’ils s’adonnent à l’électoralisme à cour terme qui fait d’ailleurs perdre son sens à la politique. Encore faut-il qu’ils comprennent le projet, puissent  l’imaginer facilement, le localiser en fonction de critères objectifs (axes de communication, enracinement dans un patrimoine, cohérence par rapport aux structures culturelles existantes, etc), vérifier qu’il a le soutien d’experts de diverses spécialités, constater qu’il existe des actions culturelles structurées, dépassant le local, susceptibles d’être inscrites dans des programmes annuels de préfiguration, etc. Ce n’est pas encore le cas pour un centre culturel de la Polonia, mais cela me parait possible si l’on ouvre la structure « porteuse » à toutes les mouvances, si l’on communique beaucoup, pertinemment, sur tout ce qui peut dépasser le local. Le Collectif Polonia peut jouer un rôle déterminant… s’il le veut vraiment et s’il s’engage sur les bonnes voies, sans perdre de temps.

Patrice pose le problème du soutien de la population. Bonnes questions. Pour les structures dont j’ai accompagné: la création en tant qu’élu régional (CHM Lewarde et Ecomusée de Fourmies-Trélon), on ne peut pas dire honnêtement qu’elles avaient provoqué l’enthousiasme de la population, d’autant que les élus locaux  étaient divisés, parfois hostiles. Ceux du Pas-de-Calais, par exemple, étaient à l’époque, opposés à un projet implanté dans le Nord. Les syndicats de mineurs étaient  très méfiants pour un projet porté à la fois par l’entreprise (le patronat, les Houillères) et par le Conseil Régional.. Les grands élus, ayant une vision à long terme, avec une série d’experts et de « signatures » en soutien, avec une représentation de ce que pourrait être la structure et une bonne information sur les programmes culturels possibles, ont tenu bon. L’engouement de la population est venu après, très vite, massivement, et même avec une certaine fierté, même chez ceux qui avaient  affiché une  indifférence polie. Un projet de centre culturel de la Polonia pourrait vivre les mêmes problèmes au départ. D’autant qu’un grand projet d’entreprise culturelle ne sera jamais la somme des projets locaux. Il vaut mieux le savoir et toujours essayer de se placer un cran au moins au-dessus du local : transposer, généraliser, pérenniser, optimiser…sinon à quoi servirait de se regrouper ?

Merci Patrice. Si seulement de telles réflexions, approfondies collectivement, permettaient de passer du rêve à un projet  construit…

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Pour faire le portrait d'un centre culturel de la Polonia

Pour faire le portrait d’un centre culturel de la Polonia…

Un tout petit peu à la manière de Jacques Prévert

Note : tous les mots en gras sont extraits du poème de Jacques Prévert

Peindre d’abord une cage avec une porte ouverte

Faire un rêve, faire partager le rêve le plus largement possible, en le faisant connaître évidemment. Comment le partager si personne ne le connait ?

Découvrir et mobiliser tous ceux qui ont les capacités et les compétences pour le porter

Veiller  ce que la porte soit bien ouverte, à tous, dans le bassin minier et au-delà, en France, en Navarre et en Pologne. A tous, par-dessus les religions, les choix politiques, les histoires personnelles, les ambitions et les haines

Placer ensuite la toile contre un arbre... dans un jardin.....dans un bois..... ou dans une forêt

Trouver un lieu. Quelque chose de joli, de simple, de beau, d’utile. Pour la Polonia et pour l’humanité. Un lieu symbolique, significatif, et surtout facilement accessible (carrefour autoroutier, gares, aéroports). Au cœur d’un espace dense, proche de grands équipements culturels, porteur de la mémoire et du patrimoine de la Polonia…

Fermer doucement la porte avec le pinceau..... puis..... effacer un à un tous les barreaux

Laisser entrer le soleil, la lumière, l’air, la vie. Avec des expositions, des spectacles, des rencontres, des débats, des ateliers, du commerce et des services. Des initiatives pour émouvoir, pour apprendre, pour honorer la mémoire de nos aïeux, pour mettre en valeur la culture polonaise et favoriser les relations avec la Pologne d’aujourd’hui et de demain

Publier d’urgence un programme culturel de préfiguration, annuel à titre d’exemple, pour permettre au plus grand nombre de comprendre les enjeux et les possibilités. Et commencer à le réaliser sans attendre que la cage ouverte soit prête.

Si l’oiseau ne chante pas..... c’est mauvais signe.....signe que le tableau est mauvais.....mais s’il chante c’est bon signe

Tout faire pour qu’il chante, sans attendre, sans noyer le projet dans du vide, sans hésiter à ouvrir à tous, sans oublier qu’il faut tout un village pour libérer l’oiseau.

Ne pas se replier frileusement  à quelques uns pour un projet qui n’appartient à personne, mais à tous

Toujours faire la place à la pensée, à l’intelligence collective, aux valeurs universelles

Alors, ce sera bon signe au moment où il n’y a aucun signe visible, même pas sur un site, hors les traces du passé.

Parfois l’oiseau arrive vite.... mais il peut aussi bien mettre de longues années.... avant de se décider..... Ne pas se décourager..... attendre......attendre s’il le faut pendant des années....la vitesse ou la lenteur de l’arrivée.... de l’oiseau n’ayant aucun rapport..... avec la réussite du tableau

Alors là, non, cher Jacques Prévert ! On a déjà trop attendu, il sera bientôt trop tard.

Si personne ne connait la cage ouverte, personne ne pourra s’engager à la fabriquer. Et le rêve disparaitra. Ne remplaçons pas nos rêves par des regrets au risque de vieillir trop vite.

Le 26/04/2023                                                Pierre Frackowiak

 

Pour faire le portrait d’un oiseau. Jacques Prévert, Paroles, 1945. Les mots en gras sont extraits du poème. Note PF : je me demande si Prévert a été traduit en polonais… Qui pourrait me dire ça ? Attention, ce n’est pas une question test pour voir si vous avez lu jusqu’au bout… c’est un sujet qui pourrait faire l’objet d’une réflexion collective...

Il faut tout un village pour élever un enfant. Proverbe africain.

Ne remplacez pas vos rêves par des regrets au risque de vieillir trop vite. Sénèque

 

 

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janusz Korczak, cet inconnu.

Moj kamien n°21

Korczak, cet inconnu

Qui connait Korczak dans le monde la Polonia ? Qui connait Korczak dans le monde enseignant, y compris parmi ceux qui sont d’origine polonaise ? Qui, parmi les citoyens éclairés soucieux de changer l’école et d’améliorer la réussite scolaire et sociale, a déjà entendu parler de Korczak ?

Moi-même, pourtant viscéralement attaché à mes racines, issu d’un milieu très pauvre, sans livres, je n’avais jamais entendu parler de Korczak, ni même vu son nom. Il a fallu que, étant instituteur et m’engageant dans les mouvements pédagogiques puis dans la recherche à l’Institut National de la Recherche Pédagogique, je découvre d’abord des citations magnifiques sur les droits de l’enfant, puis, bribe par bribe, qui  était Korczak, et  un livre de lui traduit en français.

Il est vrai que l’on ne le trouve pas dans les programmes de formation des professeurs des écoles, et encore moins dans ceux des professeurs de collège et de lycée, enfermés dans les contenus cloisonnés de leur discipline. Il est vrai que l’Association Française Janusz Korczak a été très rarement invitée dans les colloques et sur les plateaux de télévision. Il est vrai que les principes pédagogiques de Korczak peuvent déranger les milieux conservateurs.

Il est vrai aussi que lorsque quelques intellectuels parlent de lui en France, c’est surtout d’un point de vue historique descriptif ou d’un point de vue littéraire technique, voire d’un point de vue psychanalytique,  et pratiquement jamais comme inspirateur de pratiques pédagogiques profondément novatrices, liées clairement à des valeurs universelles, celles qui sont si souvent oubliées ou négligées au profit de la préparation des examens.

A part Chopin et Marie Curie, la culture polonaise, pourtant d’une richesse extraordinaire, est bien peu répandue en France, chez les « français de souche », mais pas davantage chez les français d’origine polonaise. Comment pourrait-elle l’être d’ailleurs puisque personne n’en parle ?

Henryk Goldszmit, dit Janusz Korczak, médecin, pédagogue, écrivain visionnaire, est ce héros qui accompagna sans hésiter, jusqu’aux chambres à gaz de Treblinka en 1942, les enfants de l’orphelinat qu’il avait créé dans le ghetto de Varsovie. Il est reconnu comme le principal inspirateur, le père spirituel, de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant, adoptée le 20 novembre 1989, à la 44ème assemblée générale des Nations Unies.

Dans l’un de ses ouvrages, « Pédagogie. Des lieux communs aux concepts clés » (ESF. 2013), mon ami Philippe Meirieu, qui est sans doute l’intellectuel français qui a le mieux exploité et diffusé la pensée de Korczak, résume ainsi l’un de ses principes fondamentaux : « Contre l’immédiateté du « tout-tout de suite », Korczak n’a de cesse de rendre possible la réflexion pour permettre à un sujet d’apprendre et de grandir. Il ne cherche ni à censurer ni à abolir l’expression pulsionnelle immédiate – comme tentent de le faire les éducateurs autoritaristes qu’il condamne -, pas plus qu’il ne la totémise- comme sont tentés de le faire les adultes adeptes du spontanéisme. Il œuvre pour permettre à chaque enfant et à chaque adolescent d’accéder à la liberté de penser. »

Les livres de Korczak, « Comment aimer un enfant » ou « Le droit de l’enfant au respect », sont des outils remarquables pour aider parents et enseignants dans leur action éducative, pour améliorer le fonctionnement des systèmes éducatifs, pour éclairer les décideurs sur les besoins et les potentialités des enfants et des adolescents.

Comme Freinet, Freire, Montessori, Zay, Wallon, Makarenko, Korczak sera reconnu comme l’un des grands pédagogues de notre monde. Surtout si, fiers de notre culture, nous contribuons à le faire connaître et à nous inspirer de ses travaux dans notre action éducative et sociale, à faire en sorte qu’il ne soit plus un inconnu.

Ce coup de projecteur sur un Polonais remarquable mériterait peut-être d’alimenter la réflexion des associations sur l’avenir de la Polonia. Pourra-t-on en rester encore longtemps aux manifestations locales dans l’entre-soi, sans nous engager dans une véritable action culturelle, ouverte à tous les publics, avec une ambition d’éducation populaire ?

La célébration du centenaire de l’immigration massive des Polonais aurait pu être un catalyseur pour une telle ambition culturelle ? L’a-t-elle été ? Est-ce encore possible ?

 

Le 20/04/2023                                                           Pierre Frackowiak

 

 

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Dans "L'avenir de l'Artois", une interview de Pierre Frackowiak

Kamien n° 20

A lire dans l’hebdomadaire « L’avenir de l’Artois »

On trouvera dans l’hebdomadaire « L’avenir de l’Artois » du 19 avril 2023, à la page 46, dans la rubrique « Nowa Polska », créée et tenue par Christian Nowicki, une interview de Pierre Frackowiak par Christian Nowicki, sous le titre « On est incapables de se mettre d’accord ».

Il s’agit bien cette fois d’un kamien, une pierre dans plusieurs jardins, qui va probablement faire grincer des dents, même pour ceux qui ne prennent pas le risque de la croquer.

On peut la trouver chez les marchands de journaux de la région, sur le site internet du journal , www.lavenirdelartois.fr

L'extrait mis en évidence par Christian Nowicki me semble parfaitement cohérent avec le titre de sa rubrique, Nowa Polska :

« On ne pourra jamais avancer en se limitant à la reproduction du passé, à l’entre-soi, à la cuisine et à la nostalgie »

Il est évident, dans l’esprit de ce blog, que l’on n’est pas obligé d’être d’accord avec les idées publiées… mais on peut toujours en discuter, envoyer des commentaires, sachant qu’ils sont tous publiés, sans la moindre censure et dans les meilleurs délais possibles

Je publierai prochainement le texte entier en version pdf... pour ceux qui n'ont pas pu acheter le journal!

A vos claviers

Pour votre information, cette page Nowa Polska comprend également

  • un texte article important sur le prochain livre d’Olga Tokarczuk (prix Nobel de littérature 2918) et sa version française travaillée avec Maryla Laurent
  • des brèves sur les stickers édités par Edouard Papalski, des informations sur le timbre du centenaire et une annonce nécrologique qui va attrister tous les fidèles de l’Orchestre Kubiak. Casimir Kubiak, le frère de Stéphane, est décédé le 10 avril. Chacun se souvient de leurs duos pour de magnifiques tangos et pour des chansons rigolotes comme « Do La Bassée »… « gendarme mi mowi : qu’est-ce vous transportez ? Kilo okrasy, etc, Zona sie bierze za manche à balai,  etc »

Amicalement

PF

NB. Petit doute sur le « s » à « On est incapables », mais le professeur Nowicki va sans doute donner une explication logique à l’inspecteur Frackowiak !!!

 

Clin d'œil du prof à propos d'un accord ... 

Effectivement, il s'agit d'une vérité générale, l'attribut doit rester au singulier. Mais le "on" voulant désigner ici clairement les membres de la Polonia, j'ai décidé de l'accorder (comme l'autorisent l'usage et le sens) afin d'éviter justement une généralité dans un titre qui doit être au contraire marquant et cibler rapidement.

Merci Christian Nowicki pour cette précision qui pourra être utile à tous. PF

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Lendemain de fêtes. Des femmes, des hommes et des idées

Kamien n°19

C’est, me semble-t-il, encore un aspect de notre culture, l’échange de vœux et de souhaits pour les fêtes de Noël et de Pâques. Je me souviens bien que notre famille de Pologne (dont une branche des Rabiega !), à Gluchowo (entre Poznan et Koscian), nous envoyait de jolies cartes (avec l’oplatek (à partager à Noël). Cette tradition a apparemment résisté aux évolutions des usages  et aux progrès technologiques.

Parmi les nombreux messages reçus, désormais par Internet, il en est un qui a particulièrement attiré mon attention… Je vous dirai pourquoi quand vous l’aurez lu, en espérant que les liens « copiés collés » fonctionneront. Sinon, vous pouvez vous rendre sur le site  http://ancienssaintcasimir.e-monsite.com/ [1]

Juste après le texte de René Zalisz [2]

« Kurijier Kazimierski remercie La Voix du Nord d’avoir publié samedi matin un article sur les Polonais et les traditions de Pâques.

Kurijier Kazimierski tient cependant à enrichir l’article du quotidien des Hauts de France en proposant ce supplément.

À la rédaction de Kurijier Kazimierski nous avons été un peu frustrés. Nous aurions aimé quelques lignes supplémentaires au-delà de la (délicieuse) saucisse à la marjolaine (swiąteczna) ou du dyngus (et non pas dingus…).

Nous aurions placé ailleurs la publicité pour internet (nécessaire aux finances du journal). Nous aurions profité de cet espace pour rappeler qu’avant d’être une fête religieuse, Pâque, (sans S pour les juifs) et avec S (pour les chrétiens), elle a été une fête païenne et universelle pour célébrer le renouveau, la renaissance de Dame Nature et du Printemps… Notre célèbre Smigus dyngus est d’ailleurs une tradition purement païenne… N’en déplaise à certains !

Sous ce lien le supplément à l’article de la Voix du Nord qu’on pourrait intituler : Fêtons et célébrons l’Universalité de Pessah, Pâques, Ostara, Easter, … sans oublier l’ Aïd el-Fitr qui termine la fin du Ramadan, le carême des musulmans…

Selon vos convictions religieuses, politiques ou philosophiques vous retiendrez tout ou partie de ce document qui se veut avant tout humaniste.

Bonne lecture et joyeuses fêtes à vous tous pratiquants ou pas, athées, agnostiques, pauci gnostiques ou libres penseurs.

René ZALISZ »

Ce message m’a conduit à réfléchir à nouveau à la recherche de la vérité, à la tolérance, à l’ouverture, à l’universel, bien au-delà, bien au-dessus, de nos pratiques traditionnelles.

J’ai toujours pensé que pour garantir un avenir à notre Polonia, il nous fallait un projet concret, global, visualisable, accessible, avec un plan de communication sérieux et adapté. J’avais pensé depuis longtemps à un écomusée de la Polonia, sur le territoire du bassin minier, patrimoine de l’UNESCO, profitant d’un site bien placé et identifié, avec son église polonaise, des maisons des mines à récupérer et à transformer, des salles pour faire un musée, des commerces, des expositions, des conférences, etc. Ce vague projet s’est transformé avec le Collectif Polonia des Hauts de France, il est devenu un centre culturel de la Polonia de France. Belle idée ! Mais un tel grand projet a évidemment besoin d’être porté par une structure représentative de toutes les composantes de la Polonia, en Hauts de France et ailleurs, et soutenu par un collège d’experts (universitaires, élus, auteurs, artistes, chefs d’entreprise… ), avec si possible, quelques noms « brillants ». Sans une telle organisation, il ne pourra jamais y avoir un centre culturel de grande envergure.

Et par-dessus les questions d’administration, de gestion, on retrouve la notion de projet culturel politique (au sens le plus noble évidemment), avec des valeurs, des vertus, une ambition… La volonté de sortir de l’entre-soi. Un centre culturel a vocation à accueillir les personnes qui n’ont aucun lien avec la Polonia, mais qui s’intéressent à la culture polonaise d’hier et d’aujourd’hui. La tolérance, le respect de la pensée divergente, l’écoute de l’autre… et cette volonté [3] soulignée par René Zalisz : penser ! Avec, en perspective, l’humanisme et  l’universalisme.

Le 15/04/2023                                                                                              Pierre Frackowiak

 


[1] L’institution Saint Casimir à Vaudricourt a joué un rôle important dans l’histoire de la Polonia. Par la place qu’elle y a tenue. Et par les élites  qu’elle a  promues  et qui éclairent encore les travaux de la Polonia

[2]  Vice-président très actif de l’association des anciens  élèves. Les  casimiriens

[3]  Sauf à considérer les hommes et les femmes comme des consommateurs, on ne fait pas un concert pour faire un concert, un congrès pour faire un congrès, même réussi, une exposition pour faire une exposition, etc, on réalise des projets en considérant les gens comme des citoyens qui jouent un rôle dans une société en mouvement, qui pensent. Je pense donc je suis ! (René ! Descartes)

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Penser la Polonia. Jean-Luc Sochacki

Je me permets de publier l'intégralité de la réflexion de Jean-Luc Sochacki, dont j'ai présenté les ouvrages dans ce blog. Je considère que cette étude en réaction à mes kamien mérite d'être prise en considération, débattue, amendée, par toux ceux qui s'intéressent à l'avenir de la Polonia. Il est impossible d'organiser un congrès de la Polonia sans lancer les débats bien en amont d'un congrès prévue en Novembre 2023. Il s'agit non pas seulement de créer un évènement que l'on oublie vite, mais de créer, de penser, de construire un avenir.  Merci à Jean-Luc et merci à celles et ceux qui accepteront le dialogue, le partage des idées, la mobilisation de l'intelligence collective. PF

Semaine après semaine, je reçois et je lis avec attention les Kamien de Pierre Frackowiak dans lesquels il pose des questions pertinentes sur le présent et l’avenir de la Polonia de France. Je peux (à titre personnel) être d’accord sur certains points comme lorsqu’il écrit : « Il faut du concret, un projet, un site géographique et un site internet vivant, un programme culturel cohérent, des soutiens, des moyens, une réflexion collective soigneusement préparée par une animation dans la durée, bien en amont des évènements que l’on oublie le lendemain, une période de préfiguration convaincante. Il faut une structure, support représentatif de la Polonia, un comité de soutien avec des experts, des universitaires, des chefs d’entreprises et une mobilisation de tous ceux qui sont attachés à leurs racines, à la richesse de la double culture… pas seulement le bigos, ogorki, kluski, polkas… » » J’ai aussi des points de désaccords lorsqu’il argumente par exemple, pour un centre culturel basé dans le nord (même si les arguments en faveur de cela peuvent s’entendre).

Sortir de l’isolement, changer de vision, construire et se rassembler !

Ne pas refuser les liens et relations avec les institutions officielles
C’est un fait. La Polonia de France doit sortir de son « isolement institutionnel ». Il ne faut pas hésiter à créer du lien avec des institutions polonaises en France et avec notre pays d’origine. Il faut multiplier les échanges d’artistes, d’expositions, etc. Entendons bien qu’interagir avec les institutions officielles ne veut pas dire y faire allégeance et en être le vassal. Cela ne doit pas revenir à troquer une certaine liberté de ton, d’opinion, etc. contre quelques subventions mais il est illusoire de penser un conseil représentatif fort sans lien avec les institutions officielles qu’elles soient françaises ou polonaises. Il est nécessaire d’établir de vrais partenariats pour porter ensemble des projets d’envergure.


Une Polonia ouverte aux jeunes
Dans son « Kamien numéro 16 du 26 mars 2023, Pierre Frackowiak écrit qu’il convient de se poser des questions et de réfléchir à “la place des jeunes dans un contexte conservateur, considérant qu’il ne suffit pas d’attirer des jeunes pour leur apprendre ce que nous savons”. A raison, il y a effectivement un immense défi qui consiste à ouvrir la Polonia aux plus jeunes et sortir d’une certaine sclérose d’une polonia vieillissante. Mettons nous d’accord, on a le droit d’organiser des soirées bigos et de danser sur les airs de l’orchestre Kubiak, on a le droit d’être attaché à un folklore parfois passéiste parce que la Polonia c’est le passé et la Nostalgie. Mais, nous aurions aussi tendance à oublier que la Polonia c’est également le présent ET le futur. Il est nécessaire (car le temps presse) d’avoir une Polonia qui soit capable de se tourner vers les plus jeunes qui sont quelquefois en quête identitaire, à la recherche de leurs racines et de leur histoire. Pour cela il n’y a pas 15 000 solutions : il faut impérativement créer et multiplier les liens avec notre pays d’origine (Institut culturel, associations…). Dans les années 1930, nos parents arrivés en France bénéficiaient de colonies et voyages organisés en Pologne afin de leur faire découvrir leur pays de naissance ou d’ascendance. Il conviendrait de penser une version nouvelle de cette ancienne organisation de voyages et de colonies de vacances vers la Pologne. Oui, la Pologne du XXIe ça reste le folklore de Mazowsze, mais aussi les buildings en verre de Varsovie. En ce qui concerne les plus, s’ouvre aussi la question des cours d’apprentissage de la langue polonaise; Vaste question !

Une Polonia de France (et non simplement des Hauts de France)
Penser la Polonia, c’est aussi être capable de penser que la Polonia ne se réduit pas aux Hauts-de-France. Certes, c’est la région qui a vu arriver le plus grand nombre de Polonais entre 1919 et 1939, mais ce n’est qu’un morceau (même si c’est un gros morceau) d’histoire, de notre histoire, de nos histoires. Penser la Polonia uniquement par le Nord reviendrait à se limiter à la Stara emigracja en faisant fi de la Wielka emigracja, de nos concitoyens arrivés en France lors des années Solidarnosc ou de nos compatriotes qui parviennent en France récemment pour travailler.
La Polonia du nord de la France doit être une colonne vertébrale ou un véritable moteur ou catalyseur, mais il ne faut pas se restreindre à elle. Cette dernière doit d’ailleurs sortir de son isolement et s’agglomérer à la Polonia de France, car oui, il y a bel et bien une polonia de tout le territoire français, une Polonia des mineurs de Potigny (Calvados), de Carmaux (Tarn), de Saint-Étienne (Loire) ou d’Ales (Gard). Il existe une Polonia en Bretagne, en Alsace et en Lorraine. Bien entendu, il y a aussi une Polonia à Paris. Si le Nord a (et indéniablement) une place particulière, elle ne doit pas en être l’épicentre. De plus, s’ouvrir à l’ensemble pays permettrait à la Polonia des Hauts-de-France de s’affranchir d’une vision étriquée de la Polonia et de s’offrir une réelle possibilité de renouveau loin d’un “entre-soi sclérosant” pour reprendre les mots de Pierre Frackowiak. Il convient donc, sur ce point, de ne pas minimiser ou minorer les “Nordistes” de la Wielka emigracja, mais belle et bien les intégrer harmonieusement dans un tout que serait la Polonia de France.
Un centre culturel
Ce dernier dans son “kamień” Numéro 13, Pierre Frackowiak plaidait pour la construction d’un centre culturel de la Polonia de France… dans les Hauts-de-France. Si les explications sont cohérentes et entendables, on ne peut que regretter qu’encore une fois ce serait enfermer la Polonia dans le cliché mines-Nord-Wielka emigracja. On aurait tous 1000 raisons et/ou arguments de vouloir, de demander et réclamer ce centre dans notre région. Par exemple, pourquoi pas mettre ce complexe dans le Calvados (non loin des mines de Soumont-Potigny, village qui comptait plus de Polonais que de Français dans les années 1930, proche du Mémorial de Montormel, du cimetière militaire de Langannerie, etc.) le tout situé à deux heures seulement de Paris, et à quelques kilomètres des plages du débarquement, etc ?

Un CRIP pour faire quoi ?
Une autre idée explicitée consisterait à développer un CRIP (Conseil représentatif de l’immigration polonaise de France — nom très mal trouvé et qui fait pâlement référence au Conseil représentatif des Juifs de France. Pourquoi pas évoquer un “Conseil d’entente” comme celui mis en place en 1933 par la diplomatie polonaise et qui regroupait neuf organismes influents dans la communauté polonaise ?). J’avoue avoir ici beaucoup de difficultés à savoir à quoi exactement pourrait servir ce “conseil”. Si ce dernier vise à dégager une majorité sur certaines questions ou initiatives, est-ce vraiment la peine ? Aussi, si c’est pour initier une énième association qui regroupe d’autres associations, est-ce là encore vraiment la peine ? Comme le note Pierre Frackowiak “l’avenir ne peut se réduire à des associations d’associations” .
Si ce “CRIP” consiste à mettre sur pied une vraie structure qui organise le mouvement (car oui, si le mot de sclérose revient souvent lorsque l’on évoque la Polonia, il faut bel et bien aujourd’hui penser une Polonia en mouvement) pourquoi pas ? Il faudrait donc rassembler avec nos différentes sensibilités et notre « particularisme polonais » qui devrait dépasser dans ce cadre tous nos clivages (politiques entre autres, et là encore ce ne serait pas forcément simple). Aussi, là encore il faut que les membres de cette organisation viennent de toute la France et qu’il n’y ait pas une hégémonie nordiste, sinon, à quoi bon ? Le collectif Polonia Hauts-de-France existe déjà semble déjà faire plutôt bien le travail.
De la démocratie
Avant toute chose, en ce qui concerne ce “CRIP”, il devrait y avoir un réel processus démocratique, basé sur un projet, une vision de la Polonia de France, un programme et une réelle ambition qui pourrait être nécessaire dans un contexte particulièrement morose (même chaotique) en France comme en Europe (conflits sociaux, sociétés fragmentées, guerre en Ukraine, inflation, etc.). La démocratie est déjà mise à mal en ce moment dans notre pays, il ne faudrait pas qu’elle le soit aussi dans cette structure qui se voudrait nouvelle et novatrice. Ce “conseil représentatif” devrait donc se plier à des élections de représentants si vraiment l’on va au bout de l’idée. Là encore il conviendrait d’éviter l’hégémonie nordiste et d’équilibrer une représentation nationale sous peine de voir ce processus démocratique “mourir dans son œuf”. C’est un véritable bureau avec des gens issus des différents courants migratoires et de différentes régions de France qui devrait alors être instauré.
Une image de la Polonia
Puisqu’il paraît que seul on va plus vite, mais qu’ensemble, on va plus loin, il faudrait dans l’hypothèse d’un conseil de la Polonia en France, avoir une réflexion et un travail sur l’image de cette Polonia et sur la communication, les réseaux sociaux (Twitter…). Avec le financement, l’image et la communication sont devenues (et on peut le regretter hélas) des éléments essentiels dans la vie d’une association ou d’une structure. Si ces éléments sont bien obligatoires, il ne faut surtout pas les substituer au travail de réflexion ! À l’instar de nombres partis politiques qui basent tout sur l’image et la communication sans y mettre la moindre once de réflexion. Ce travail d’image et de communication doit être le reflet, la restitution d’un ouvrage intellectuel où les questions de liens évoqués précédemment avec le pays d’origine et vers les plus jeunes doivent y avoir un rôle important sans qu’il ne s’agisse pour autant d’effacer la Polonia du passé.
Bref, que ce soit par la mise en place d’un conseil de la Polonia ou la construction d’un centre culturel, il conviendrait de faire entrer pleinement la Polonia de France dans notre XXIe siècle en faisant de cette dernière, une construction collective dont les membres (anciens, jeunes comme les middle-âge) avanceraient ensemble avec leur point commun (l’attachement à la Pologne, sa culture, etc.) et leurs différences. Une construction bâtie par les intelligences et compétences de toutes les bonnes volontés (du Nord comme de tout le reste du pays) prêtes à porter ce projet, et si possible, dans un contexte apaisé.

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De l'éphémère au futur. Rappel d'un texte de septembre 2019

Petite piqûre de rappel avant quelques jours de fête.

Voici un texte que j’avais diffusé le 17 septembre 2019. Il y a donc 3 ans et demi, c'est-à-dire au début de la célébration du centenaire de l’immigration massive des Polonais.

Ce texte reste valable, presque intégralement.

Qu’y a-t-il de changé depuis ?

Bien peu de choses en réalité :

  • L’ICEP (Institut des Cultures et Etudes Polonaises) semble définitivement mort, même s’il n’est pas encore inhumé. Or, il est incontestable que c’est ce genre de structures qui aurait pu jouer un rôle déterminant dans la construction de l’avenir, avec un haut niveau de réflexion, avec une certaine indépendance par rapport à des groupes de pression contradictoires.
  • Le Collectif Polonia des Hauts de France s’est emparé de l’idée en transformant progressivement son projet initial « Polonia-France-Héritage » - difficile à comprendre et à se représenter -, en projet de création d’un Centre Culturel de la Polonia de France, avec une implantation à Oignies (site minier du 11/19), mais, à ce jour, il peine à être connu et reconnu. Il mériterait une mobilisation générale de la Polonia, sans exclusive,  et le soutien d’un conseil d’experts, universitaires, historiens, élus, représentants des différentes mouvances de la Polonia. On verra si son 2ème congrès en novembre 2023 saura appliquer vraiment son slogan « Razem » et se donnera enfin l’outil de communication adapté à un grand projet. On ne peut que le souhaiter.

De l’éphémère au présent…

à la construction du futur.

Pour un écomusée de la Polonia dans le bassin minier.

Que restera-t-il de la mobilisation populaire observée dans les manifestations pour la célébration du centenaire de l’immigration massive des polonais dans la région ? Spectacles, expositions, concerts, banquets, marchés, se succèdent dans la région Nord-Pas-de-Calais. Leur nombre, leur diversité, leur succès sont impressionnants.

A part l’exposition à la maison syndicale de Lens, organisée par les Archives Départementales du Pas-de-Calais, celle de Lewarde organisée par le centre historique minier, certes consacrée à l’ensemble des immigrations entre les deux guerres, mais dont la quasi-totalité des documents est polonaise, celle du Louvre Lens dont l’envergure est de niveau international, toutes les initiatives relèvent du local avec un retentissement plus ou moins grand autour de la commune concernée, sans coordination ni communication commune. Elles sont essentiellement festives et culinaires et donnent des occasions de retrouver ses racines et ses souvenirs, de partager avec les proches, de passer un bon moment. Elles sont importantes, avec des aspects, qu’on le veuille ou non, un peu communautaristes sans mettre en cause l’intégrité nationale, la République. Rares en effet sont les participants qui n’ont aucun lien avec  la Polonia. Les interviews sur place sont éloquentes, même quand elles tentent de montrer que les actions attirent tous les publics. J’ai écrit à plusieurs reprises que ce problème mérite analyse et réflexion sereine, pour la Polonia comme pour d’autres immigrations.

Les organisateurs peuvent s’en enorgueillir à juste titre, surtout quand ils sont lucides sur le caractère éphémère de leurs initiatives et qu’ils réfléchissent au futur.

Que restera-t-il en effet de tout cela quand l’euphorie de la fête sera estompée puis effacée, avec les photos et vidéos dans les tiroirs ?  

J’entends ceux qui n’apprécient pas mes réflexions s’insurger : « - quel rabat-joie ! – il y a ceux qui écrivent et ceux qui font ! De quoi i’s’ mêle, etc », voire bien pire. C’est normal dans un pays et dans des villes démocratiques[1] où chacun est libre de s’exprimer et où l’on tient compte des idées de tous sans exclusive.

Je continuerai à me battre pour la vérité et pour le futur

Pour la vérité. Ce blog sert un peu à cette exigence humaniste. Que personne ne soit exclu de l’histoire, de la connaissance, de la réflexion ! Chaque mouvance, chaque tendance au sein des mouvances, chaque acteur, chaque penseur. La Polonia est diverse, ce qui fait sa richesse : catholiques, juifs, témoins de Jéhovah, communistes, syndicalistes, résistants, combattants, artistes, écrivains… Tous ont joué un rôle, tenu une place, contribué à des actions et participé à l’image. Aucun ne saurait être ignoré et encore moins méprisé.

Pour le futur. Il restera quelques plaques de rue et d’édifices, des livres, des DVD, des monuments. Et alors ? Dans 10 ans, on refera peut-être un grand banquet coûteux et une exposition éphémère. Dans 20 ans, on se dira que l’assimilation des polonais, réussie, les a fait disparaître comme le sucre dans le café. Des philosophes, des sociologues, des poètes  et nos descendants diront que l’on a raté quelque chose et que les anciens  se sont satisfaits de l’éphémère, voire d’une certaine démagogie.

Je plaide[2] donc pour la création d’un écomusée[3] de la Polonia dans le bassin minier. Dans un coron restauré (on a bien fait un hôtel de luxe dans un coron protégé par l’UNESCO, près du Louvre Lens !), près d’un espace culturel accessible. A Bruay (cité des électriciens), ou à Lens (Louvre Lens),  ou à Dourges / Henin, à Douai / Waziers… Un lieu de mémoire et de vie. Il est évident que l’ICEP pourrait peut-être[4] jouer un rôle moteur dans un tel projet.

On met beaucoup d’argent, d’énergie pour des actions éphémères. Pourquoi ne pas mobiliser ces moyens pour construire le futur ? Pourquoi ne pas profiter de cette  période d’engouement et de mobilisation, le centenaire,  pour relancer cette idée, pour en parler aux gens dans les fêtes, pour rassembler les différentes mouvances de la Polonia[5] ?

 

[1] Ce n’est pas le cas partout. On peut consacrer  une douzaine de pages d’un livre à l’histoire d’une paroisse d’une ville, y habiter depuis toujours, et être ignoré dans les manifestations qu’elle organise, cela dans un silence stupéfiant des « démocrates » locaux ou voisins.

[2] Evidemment, il faudrait que cet appel soit relayé auprès des élus du bassin  minier que vous connaissez, voir s’il n’y a pas parmi eux un porteur possible de projet…notamment parmi ceux d’origine polonaise.

[3] Un écomusée est un espace culturel et économique qui peut comprendre un petit musée (habitat, costumes, objets, bannières, un lieu pour des expositions temporaires proposées par les associations, un lieu de spectacles privilégiant les groupes folkloriques et les orchestres de la région, un lieu de conférences et débats, une médiathèque, des commerces conçus en accord avec des commerçants et producteurs de la région, etc. Avec la mise en réseau des lieux significatifs comme les chapelles (un circuit régional de la Polonia).

[4] Comme la quasi totalité de mes correspondants (de plus en plus nombreux), je n’en connais ni les statuts, ni les objectifs, ni le fonctionnement, ni le bilan et les projets, mais je pense qu’un institut de ce type a un rôle éminent à jouer.

[5] On rassemble plus facilement pour un beau projet concret que pour créer des administrations avec des présidences à préserver ou à conquérir…

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