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Le groupe centenaire de l'immigration. Facebook

Ce blog a pour objectif de mettre en valeur les actions concrètes réalisées pour l’avenir de la Polonia, en alternance avec des « kamienie », pierres pour l’édifice et/ou cailloux dans les jardins. Liberté. Démocratie. Ouverture…Mobilisation de la réflexion collective.

Avec son groupe, Hania Raczak a réalisé un travail considérable, qui connait une étonnante diffusion mondiale, et qui ne peut laisser personne indifférent. C’est une professeure des écoles, maternelle et élémentaire, classes d’intégration et d’adaptation, attachée à la transmission, la formation, la culture multi disciplinaire. Elle est artiste, auteure. L’un de  ses ouvrages, publié par NordAvril, un éditeur qui aura marqué la Polonia (voir le catalogue sur www://nordavril.com) porte un titre qui constitue tout un programme : « Racines et destin ».

Je la remercie d’avoir accepté d’écrire un témoignage pour ce blog.

P F

Témoignage : Hania Raczak

Je n’ai jamais connu les corons, les cités de Polonais, j’ignorais tout de Stéphane Kubiak et du bigos quand le Centenaire a commencé. J’ai grandi dans un quartier ouvrier à Louvroil près de Maubeuge dans une rue où vivaient une majorité de Maghrébins. Mes parents avaient oscillé du Nord à Carcassonne. Ma babcia Zosia cuisinait aussi bien les pierogi au fromage blanc que la ratatouille et le couscous. Cette mixité, je la porte encore. J’ai appris la tolérance et bien plus encore : la curiosité de l’autre.

Lorsque le Centenaire a pointé le bout de son nez, j’ai écrit un roman à deux voix, sur 100 ans d’écart en me disant que j’avais réalisé et terminé mon « action Centenaire ». Je me trompais, ce n’était que le début… Ce livre m’a fait découvrir la Polonia des Hauts de France, des artistes, des auteurs, des groupes folkloriques, des artisans, des restaurateurs, des associations également dans le Sud-Ouest ou sur St Etienne et surtout beaucoup de descendants. Les anonymes de la Polonia et leurs étincelles de polonité.

J’avais une image qui me revenait, celle de nos Anciens à Myslowice, réunis le temps d’un voyage. Ils étaient différents mais dans un même départ, un même mouvement. Pourquoi ne pas nous réunir en leur souvenir ? J’ai tapé à quelques portes avant de me lancer pour être certaine que personne ne pensait à un tel projet et j’ai imaginé un espace de communication le temps du Centenaire. J’ai ouvert un énorme champ des possibles dans le respect de l’autre : « du populaire à l’érudit » comme le disait si bien récemment Véronique, membre du groupe.

Le challenge pour moi, c’était de garder tous les membres jusqu’à la fin 2023. Je n’ai pas fait de miracle, notamment lors de l’invasion de l’Ukraine. J’ai écarté certains d’entre nous, quatre de mémoire. J’ai vécu chacun de ces blocages comme un échec personnel. 

Si je suis la seule administratrice, tout le monde connaît les trois autres mousquetaires qui m’accompagnent : Patrick Chlad, Michel Zerkowski et André Szczerba. Patrick est surnommé le górnik du web, il a déterré des centaines d’archives. Il a le regard que je ne peux pas avoir en tant qu’administratrice, un avis plus ironique et critique que j’écoute toujours lorsqu’il transparaît. On ne présente plus Michel qui a su mettre ses compétences informatiques pour créer le musée notrepolonia. Quant à André, il présente chaque jour une revue de presse détaillée . C’est également André qui a créé notre logo avec une belle inspiration.

Actuellement, le groupe est souvent comparé à un bar virtuel de la Polonia ( on a même vécu des apéros virtuels…  ) Je ne suis pas la patronne du bar, les murs ne m’appartiennent pas. Il y a les habitués qui viennent chaque soir, les rigolos qui mettent l’ambiance, les gens de passage, les étrangers qui parlent ou non français, certains sont des descendants de Polonais expulsés. On partage les actualités, on annonce les événements, on feuillette parfois un album de famille, on échange des recettes et des souvenirs. Comme dans les repas de famille, on évite de parler politique et religion …

J’essaie dès que possible de le rendre participatif, nous avons ainsi collecté des photos de mariages dans un premier temps pour réaliser un diaporama. Il figure en ligne ( 12 000 vues sur you tube à mon plus grand étonnement), un autre diaporama répertorie les objets de nos aïeux . Il y aura bientôt un autre projet autour de nos Anciens en uniformes et une galerie de photos « générations ». Le participatif, c’est également l’apport de musique des groupes actuels dont beaucoup adhèrent au partage.

Depuis quelques semaines, le groupe évolue avec davantage de retours sur les événements (un reporter sur place envoie des photos ou des vidéos pour les autres membres) et je vois passer des nouveautés : des petites annonces de covoiturage pour aller voir Stanis le Polak, des propositions de membres pour se retrouver sur un événement : le virtuel deviendrait-il réel ?

Je laisse les membres du groupe partager leurs ressentis en commentant cet article car je ne suis que la gérante du bar.

Le 02/03/2023                                                                                Hania Raczak

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2023, dernière chance pour garantir un avenir pérenne pour la Polonia

 

Mój kamień. Numéro 10 .

2023, dernière chance pour garantir le futur de la Polonia

Sans union, sans ouverture, rien ne pourra se faire

Le temps passe et l’on ne voit pas se dessiner clairement un avenir pérenne pour la Polonia. Personne n’en parle vraiment. La fin de la célébration du centenaire de l’immigration  massive des Polonais en France s’annonce, après 3 années intenses, malgré les difficultés liées au Covid. Banquets dansants, spectacles, concerts, expositions, cérémonies, évènements se sont succédé dans les Hauts de France et dans de nombreuses autres régions de France. Chacun a pu mesurer l’importance de l’attachement des descendants à leurs  racines. On aurait sans doute pu faire plus et mieux, notamment pour expliciter, objectiver, l’importance de l’apport de cette immigration dans l’économie française, dans la culture, dans la vie sociale, et pour bien mettre en évidence l’intérêt de la double culture.

Sans doute, y aura-t-il de nouveaux livres qui en parleront, de nouveaux banquets en chansons, de nouveaux spectacles, un nouveau Stanis le Polak pour aller au-delà de l’entre-soi, les deux nouveaux timbres pour lesquels Edouard Papalski et René Zalisz se battent inlassablement…

Sans doute, le site de Michel Zerkowski, évoqué dans ce blog, qui aura continué à accumuler des archives, écrits, photos, témoignages, qui aura incité des  étudiants à poursuivre les recherches, pourra donner des productions numériques utilisables directement par les associations et les services culturels des collectivités territoriales

Peut-être y aura-t-il un nouveau monument en hommage aux travailleurs, un autre pour les combattants et les résistants de la seconde guerre mondiale .

Peut-être y aura-t-il même un immense anneau de la mémoire à l’image de ce qui a été réalisé à Notre Dame de Lorette pour les combattants de 1914/1918, en exploitant toutes les possibilités offertes par le numérique

Tout cela est et sera formidable, émouvant, important…

Mais après ? Qui aura-t-il de vivant, d’animé, d’ouvert sur la réalité d’aujourd’hui, avec des possibilités  d’information et de réflexion, des offres de rencontres, de voyages, de découvertes ici et là-bas ?

Le projet de Centre Culturel de la Polonia de France, porté par le Collectif Polonia des Hauts de France, verra peut-être sa première pierre posée et son premier programme culturel  en préfiguration se réaliser. Si toutefois, et seulement si, la Polonia réussit à s’unir autour et pour un tel projet. Pour construire l’union, il ne suffit pas d’organiser des cérémonies commémoratives et des fêtes éphémères, il ne suffit pas de créer des organisations, des fédérations d’organisations, des structures administratives, des comités, des collectifs, des « machins », il faut se mettre d’accord sur la construction d’un projet durable, mobiliser toutes les forces, les compétences, l’argent…

La belle idée d’Edouard Papalski de créer un conseil consultatif des institutions polonaises (CRIP), à l’image de ce que les juifs ont réussi à faire [i] dès 1944, n’a pu se concrétiser.

La Maison de la Polonia a réalisé de belles choses avant de sombrer, sans doute victime d’erreurs, mais dont les acteurs ont accumulé une expérience qui mérite d’être prise en considération et respectée

Et, on le sait hélas, en cette fin de célébration du centenaire de l’immigration, le slogan, « razem » est resté lettre morte à ce jour, personne ne fait vraiment un pas vers l’autre.

Le problème, c’est qu’un tel projet inscrit dans le réseau des grandes entreprises culturelles,  exige l’union. Il ne peut pas être conçu, porté, rendu crédible, réalisable, par une toute petite équipe à Dourges[ii], aussi valeureuse et dynamique soit-elle, s’il n’obtient pas un accord de toutes les parties concernées, s’il ne prend pas en considération le travail d’archives numérisées de Michel, le facebook d’Hania, l’histoire de l’institut Saint Casimir de Vaudricourt et René, la somme des productions de l’éditeur NordAvril, et puis, plus tard, en les associant dès à présent sous des formes à définir, ceux et celles qui œuvrent pour l’avenir de la Polonia, en Normandie, en Saône et Loire, en Lorraine, en Dordogne, etc, et, enfin, s’il n’est pas soutenu par un comité d’experts appelés à devenir membres d’un conseil scientifique.

Dans un remarquable mémoire d’histoire écrit en 1994 (université de Lille 3), Christine Ruczkal,  reprenait ce cri d’alarme de Gabriel Garçon, historien fréquemment cité dans mes écrits, « Un danger réel réside dans le fait que chacun poursuit son action de son côté ». Dans le droit fil de ce constat, Christine Ruczkal concluait : «  les divergences semblent encore trop tenaces pour que la raison l’emporte et travaille au profit de la polonité » (de la Polonia dirait-on, aujourd’hui). C’était il y a 30 ans !!!

Face ou au-dessus de l’émiettement , de l’éparpillement, des faiblesses de tous ordres, il ne fait pas de doute qu’il faudrait une autorité reconnue, ayant une hauteur de vue et une certaine indépendance, une liberté d’action, pour entraîner et accompagner un ensemble allant de la mouvance catholique majoritaire, aux juifs, aux agnostiques, aux anticléricaux, et même aux témoins de Jehovah, me disait un ami. Le « penseur », « médiatisable » ou charismatique, devrait être soutenu par un groupe d’experts connus et reconnus, à la fois caution intellectuelle et morale. Sans un tel engagement, il n’y aura jamais de centre culturel de la Polonia de France vivant, animé, ouvert, comme je l’évoquerai dans un autre « kamien ».

L’année 2023, fin de la période de célébration du centenaire de l’immigration, sera la dernière chance de construire un projet d’avenir concret. Le congrès national prévu début novembre à Oignies, organisé par le Collectif Polonia des Hauts de France, pourrait dans cet esprit, être une occasion extraordinaire d’avancer [iii], dans le respect de nos ancêtres, avec une réelle volonté de construire un avenir commun…

En serons-nous capables ?

Le 27/02/2023                                                Pierre Frackowiak

 

 

[i] Le Conseil représentatif des institutions juives de France fédère, au sein d'une seule organisation représentative, différentes tendances politiques, sociales ou religieuses présentes dans la communauté juive de France.

[ii] Le CA du Collectif Polonia des Hauts de France comprend  8 membres, dont un seul  n’est pas  du secteur minier de Lens-Liévin-Carvin, Raymond qui est de Longueau

[iii] C’est, du moins,  mon avis personnel qui sera sans aucun doute l’objet de débats et de commentaires qui pourront être publiés sur ce blog ouvert et sans exclusive, facilement accessible et lisible.

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Des racines et des ailes pour la Polonia

 

Mój kamień

Mój kamień. Numéro 9 .

Des racines et des ailes pour la Polonia

Marie Sklodowska Curie a abondamment exprimé sa pensée, au-delà de ses travaux scientifiques. Philosophie de la vie, regards sur l’homme et sur la société, réflexions…

Elle a déclaré, par exemple, « On ne fait jamais attention à ce qui a été fait, on ne voit que ce qui reste à faire ». Quand on a lu un peu son histoire, on comprend bien que ce qui reste à faire est plus important que ce qui a été fait.

Cette pensée forte bouscule quelque peu nos autosatisfactions faciles, nos égos démesurés et nos fiertés immodestes Elle met à mal cette tendance, finalement naturelle, à nous donner une conscience tranquille quand nous avons fait « quelque chose ». Certes ce « quelque chose » est parfois beaucoup. Ce « quelque chose » a apporté à la société, a plu aux spectateurs,  a enchanté des partenaires, a laissé des traces indélébiles. Il n’est donc pas question de mépriser ou de négliger ce « quelque chose », surtout quand il représente toute une vie de dévouement, un réel talent partagé, un engagement au service des autres, une volonté de contribuer au bien commun.

Et pourtant, il faudrait être bien vaniteux pour être satisfait.

Dans la préface du livre de Janine Ponty, « Les Polonais du Nord ou la mémoire des corons », Pierre Milza et Emile Temine[i] alertent les lecteurs :

« Quand tout cela entre dans le passé, quand le parcours de l’immigrant est achevé, alors, et alors seulement, la mémoire collective peut se recomposer, proposer sa vérité, écarter ou mettre en exergue tel ou tel souvenir. Dans un sens, elle pérennise une prise de possession ancienne et dépassée. Elle propose une lecture nouvelle de l’évènement, qui peut même être une re-création, une refondation. Il importe à la fois de déconstruire et de prendre en compte cette mémoire vivante. Il ne faut cependant pas la confondre avec la mémoire officielle : édifier une stèle ou organiser une commémoration, cela a déjà une autre signification. Un monument commémoratif est toujours un monument aux morts… »

On n’a pas le droit de figer le passé et d’en faire un objet de culte. Il faut plutôt en tirer des leçons, refonder, pour construire l’avenir.

A peine le « quelque chose » est-il fait qu’il faudrait déjà penser à ce qui reste à faire, par soi-même avant de tourner la page, ou par les autres si l’on a su leur ouvrir des pistes et fabriquer des outils pour agir.

Un beau proverbe juif insiste : « On ne peut donner que deux choses aux enfants : des racines et des ailes ». Respectons et cultivons les racines, mais n’oublions pas les ailes ! Ce sont elles qui permettront de faire ce qui n’a pas été fait.

 


[i] Pierre Milza, historien français, professeur d’histoire contemporaine à l’IEP de Paris. Immigré italien de la 2ème génération. Il a raconté l’épopée des immigrés italiens qui ont reçu « un accueil aussi frais que les maghrébins actuels ». Emile Temine, historien. A créé, avec Pierre Milza, dans les années 90, une collection auprès de l’éditeur Autrement, consacrée à « l’histoire de la France comme une société façonnée par des immigrations d’origine multiple ». Son père était un juif kabyle, sa mère était basque.

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L'âme et la langue

Mój kamień

Mój kamień. Numéro 8 .

L’âme et la langue

Certes, il faut oser. Reprendre le vers de Lamartine « Objets inanimés, avez-vous donc une âme qui s’attache à notre âme et la force d’aimer ? », le transposer à des êtres vivants et qui plus est, à des polonais, peut paraître bien incongru.

Il a surgi quand, au cours d’un débat animé, un participant qui a séjourné dans plusieurs pays pour des raisons professionnelles, m’interrogeait sur la spécificité du peuple polonais. Directeur d’école, d’origine polonaise, français, il s’était intégré dans d’autres pays et ne se sentait ni français ni polonais, disait-il, mais citoyen du monde.

J’avoue que la question m’a perturbé, ce qui est une bonne chose, car cela prouve que le conférencier ne sait pas tout et que les réponses à des questions aussi importantes ne peuvent se trouver que dans l’écoute des autres et le dialogue, la mobilisation de l’intelligence collective.

Sommes-nous différents, avons-nous des particularités, en quoi peut-on se distinguer d’autres peuples ? Et pour aller plus loin, les descendants de polonais immigrés dans quasiment tous les pays du monde ont-ils conservé ces éventuelles spécificités et comment ? Et cela peut-il durer au fil des générations ? Comment ?

J’ai amorcé maladroitement une bribe de réponse en évoquant l’importance de la langue. C’est vrai que le maintien de la langue familiale au fil des générations est une garantie de continuité, de transmission, de partage, de sentiment d’appartenance. Malheureusement, parmi les descendants d’immigrés, de plus en plus nombreux sont ceux qui ne la parlent pas, même quand ils se considèrent encore, un peu, beaucoup, passionnément, polonais. La disparition des cours polonais hors temps scolaire, du polonais 2ème langue au lycée, les mariages mixtes, et la tendance, même chez des personnes attachées à leurs racines, à négliger la langue d’origine. La tendance commençait déjà avec la 3ème génération (la mienne). Edmond Gogolewski[1]  s’en inquiétait et avec d’autres collègues universitaires s’était mobilisé pour maintenir la langue polonaise au sein du système éducatif français. Combat perdu hélas. Aujourd’hui, avec le développement des échanges économiques, on peut le regretter. On rencontre aussi des jeunes de la 4ème et 5ème générations qui reprochent à leurs parents de ne pas avoir fait le nécessaire pour qu’ils apprennent la langue de leurs ancêtres.

Restent les initiatives des associations qui organisent des cours de polonais pour les enfants et pour les adultes. On ne peut que les encourager et les aider. Le projet de Centre Culturel de la Polonia de France ne manquera pas de se mobiliser sur cette question, espérons-le. Il faudra pourtant prendre en considération cette évidence que l’anglais se répand à grande vitesse, me semble-t-il, en Pologne [2]

La langue est un outil précieux  pour la communication, pour la pensée et peut-être pour l’âme ?

Le 21 février 2023.                                         Pierre Frackowiak

 

 

[1] « Les ouvriers polonais en France après la seconde guerre mondiale » Revue du Nord 1992

[2] Anecdote. Dans un grand restaurant de la banlieue de Zakopane, un français d’origine polonaise pose quelques questions sur la carte, discute un peu, tout fier de parler un peu le polonais. Le garçon : « Vous pourriez le dire en anglais ? »

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Notre Polonia. Musée et encyclopédie numérisés de la Polonia


Ensemble

Le centenaire de l’immigration massive des Polonais en France a au moins permis de découvrir des talents, des richesses, des volontés de préserver l’héritage en le mettant en perspective. Que chacun puisse s’en emparer pour alimenter la réflexion collective sur l’histoire et sur la société, et pour construire l’avenir.

Evidemment, les archives constituent un trésor. L’immigration polonaise avec les institutions, les administrations, les associations a accumulé des « tonnes » de documents. Les archives départementales, les archives du monde du travail, celles du Centre Historique Minier, de l’ICEP défunt mais dont les archives sont bien quelque part, celles de la section de polonais de l’université de Lille 3, celles de l’institution Saint Casimir, et sans doute d’autres lieux que j’ignore en France et en Pologne, sont protégées. D’autres projets de traitement des archives familiales sont annoncés, notamment avec Monika Siama, universitaire, et le Collectif Polonia des Hauts de France.

L’intérêt du site notrepolonia.com est que tout est numérisé, tout est accessible à tous. Le travail énorme de Michel Zerkowski, Hania Raczak et leurs amis, mérite bien la reconnaissance de la Polonia. Sans doute sera-t-il possible d’imaginer des coopérations, dans le respect de l’indépendance de chacun, avec un futur Centre Culturel de la Polonia.

P F

Historique du site notrepolonia.com

Musée et encyclopédie numérisée de la Polonia

Depuis des années, je cherchais à sauvegarder les traces des polonais en France, toutes ces archives jetées à la poubelle par leurs enfants, ou en vente sur les sites m'interpellaient, d'autre part, beaucoup de "Hauts potentiels intellectuels", icônes de la Polonia actuelle, possédant beaucoup d'archives récupérées à, droite , à gauche, ne veulent pas les partager alors qu'elles ne leur appartiennent pas, c'est notre héritage commun

Inspiré par mon oncle maternel Ignace Flaczynski qui mettait dans les années 1960 à 1980 en valeur toute cette culture populaire polonaise en France, nous, descendants de "Serfs" de cette Pologne partagée entre l'Allemagne, la Russie et l'Autriche-Hongrie, elle n'est pas seulement réservée aux élites intellectuelles, mais très proche de nous , les invisibles, les discrets, j'ai décidé d'agir à ma modeste échelle

En 2020, grâce au groupe Facebook du Centenaire d'Hania Raczak, l'étincelle est venue.

Nous sommes principalement quatre, qu'Hania appelle avec tendresse les "Mousquetaires de la Polonia"
Nous collationnons, trions et sauvegardons ces archives multimédia sur notrepolonia.com, nous avons trouvé, au grand dam de certains, avec l'aide d'autres participants des sources incroyables, dont maintenant beaucoup en Pologne, étonnant, non ?

Le noyau de l'équipe, 4 "Electrons libres", au caractère différent et bien trempé, pas toujours d'accord, mais surtout avec un idéal de partage et d'humanité.

J'ai réussi à trouver un hébergeur français, O2swich, ou je n'ai pas de limite de stockage, pour l'instant, contrairement à Ovh.

Le financement est donc assuré pour plusieurs années

 

Je passe donc beaucoup de temps à gérer techniquement, visuellement ce site, mais j'ai choisi des logiciels gratuits, pas toujours au top, mais ça limite le financement.

Comme cela je ne suis pas dépendant d'associations, de groupe politique, de mouvement religieux ou du gouvernement polonais.

Je me suis fait beaucoup "d'ennemis",  dans cette Polonia, qui pensaient garder le savoir pour eux, mais en fait, je m'en fiche, ce site est comme un bulldozer, il avance de jour en jour, beaucoup de rubriques avancent en silence, cerise sur le gâteau, c'est gratuit et sans publicités, comme celle de Militaria avec la base de données de nos polonais combattant pour la France, un travail énorme, déjà 8000 combattants référencés :

https://notrepolonia.com/combattants-polonais-et-dorigine-polonaise-ayant-combattu-en-ou-pour-la-france-368/

 

Le 19/02/2023                               Michel Zerkowski-Flaczynski

       Contact : notrepolonia@gmail.com

 

 

 

 

 

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L'intergénérationnel dans la Polonia

 

Mój kamień

L’intergénérationnel dans la Polonia.

Anne Muxel, sociologue et politologue au CNRS, directrice de recherche, explique : « La coopération intergénérationnelle est une vraie opportunité : chaque génération a quelque chose à apporter, aucune ne détient la vérité. »

Entre héritage et renouvellement, les questions n’ont jamais été simples. Pour les descendants d’immigrés, les problèmes sont encore plus compliqués que pour d’autres, car les tendances à  l’assimilation peuvent créer des ruptures entre ceux qui sont attachés à leurs racines et les considèrent comme une richesse, et ceux qui pensent qu’il est temps de   tourner les pages et de se laisser glisser dans une apparente modernité. Le fait que la jeunesse s’éloigne de plus en plus de son lieu d’origine, pour les études, pour le travail, pour la vie sociale, peut accentuer naturellement ce risque ou cette tendance. Qui aujourd’hui n’a pas un enfant, un petit-enfant, à des milliers de km de son domicile ? Certes, heureusement, toutes les familles ne sombrent pas dans ce drame de voir, comme l’une des grandes personnalités de la communauté, ses enfants déclarer que «La Polonia, ils n’en ont rien à f… », ce que je considère, pour ma part, au bout du compte, comme un échec personnel.

Une grande romancière polonaise, dramaturge, poétesse, militante pour les droits des femmes, membre d’une commission d’enquête sur les crimes nazis, Zofia Nalkowska (1884 / 1954), nous invite à approfondir notre réflexion en faisant confiance à la jeunesse. « La jeunesse n’est pas un état, écrit-elle. Elle est une amplification de la valeur de toute chose, elle donne de la réalité à la vie. Et la vieillesse est une diminution de la valeur de toute chose, même la plus minime ». Dur, n’est-ce pas ? Mais quand on constate la moyenne d’âge des publics de certaines manifestations, si l’on veut vraiment garantir le « après-nous », en préservant  la mémoire collective dans le respect dû à nos ancêtres, et  faire évoluer la Polonia pour pérenniser son existence et son impact dans la vie culturelle et sociale de la France et de la Pologne, il faut pour le moins éviter les banalités, les autosatisfactions naïves, comme les certitudes infondées.

L’idée de donner davantage la parole aux jeunes, favoriser le dialogue, encourager, attirer, se situe toujours dans une démarche verticale, les vieux donnent la parole aux jeunes.

L’un des pires dangers de ces démarches ordinaires est de créer un entre-soi jeune, juxtaposé à un entre-soi vieux, cet entre-soi tellement fréquent dans la Polonia, alors que dans notre société cloisonnée, l’heure est au décloisonnement dans tous les domaines. L’intergénérationnel est un décloisonnement des générations.

L’attachement au folklore, une de nos valeurs fortes à préserver, peut être contre productif et il vaut mieux le savoir. La perpétuation des pratiques du passé, la reproduction des musiques, des chants, des danses, des costumes peuvent être considérées comme étant de l’ordre du conservatisme. Elles sont pourtant indispensables, elles sont notre culture et notre âme.

L’apparence de modernité ne peut pas être satisfaisante. On peut coloriser, mettre du rythme, changer les décors, dépoussiérer, cela reste de l’ancien. Dans bien des cas, le respect pour les auteurs et les créateurs s’impose : Chopin doit rester Chopin, les chorégraphies de Mazowsze doivent rester comme des réussites artistiques, les koledy par Golec Orkestra restent les koledy. La jeunesse ne pourrait se satisfaire de porter un changement d’apparence.

Alors, comment faire ?

Le vieux que je suis ne saurait le dire.

Mais le pédagogue peut dire qu’il faut permettre (ce qui n’est pas la même chose qu’autoriser) de s’exprimer vraiment, de penser, de créer, de rencontrer, d’exister, de rêver, de prendre des responsabilités. La plupart des jeunes savent éviter [i] la banalité pour privilégier la pensée, le « je, je, je » déplorable, les certitudes qui conduisent à mépriser l’expérience. Nous  pensons a priori qu’ils sont capables, tous capables, de contribuer à construire l’avenir. Et, sans doute, mieux que nous.

Pierre Frackowiak                                                                          Le 16/02/2023

 

 

[i] Ce dont les vieux ne savent pas toujours s’exonérer

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Dictionnaire insolite de la Pologne

Mój kamień

Dictionnaire insolite de la Pologne

Les éditions Cosmopole publient une collection d’ouvrages sur le thème «  Variations insolites sur le voyage ». Elle comprend aujourd’hui 60 livres relatifs à des pays (Finlande, Argentine, Belgique, Cuba, Mexique, Vietnam, Norvège… ), de grandes régions  ou des capitales du monde. Il ne s’agit pas de guides touristiques, de livres d’histoire, de récits. Il s’agit de regards particuliers, ceux d’un auteur connaissant bien l’histoire du pays, attaché à ce pays, y passant beaucoup de temps, sans y habiter. L’éditeur a proposé à Jean-Luc Sochacki d’écrire le livre consacré à la Pologne. Il est professeur d’histoire-géographie, docteur en sciences de l’éducation. Nous avons présenté l’un de ses livres, « La scolarité des enfants d’immigrés polonais » en Normandie, dans un « kamien » précédent. On peut trouver ses travaux sur son site www.sochacki.edu.pl

 

Son dictionnaire de la Pologne est vraiment insolite. Il commence évidemment par A et se termine par Z. A comme Absence et Z comme Zytomirski ou Zulawski . Sur plus de 150 pages, 200 sujets : de l’histoire et des histoires, des légendes, des anecdotes, des portraits d’artistes, d’hommes politiques, d’écrivains  des explications sur tout et sur des riens

De Gaulle et Napoléon y côtoient Pilsudski ; le Baba, la Tropézienne ; Goldman, le Jazz et le Rock and Roll ; Chopin, Discopolo et Paderewski ; PIS et Rosa Luxembourg ; Brésil, Etats Unis et Viet Nam ; etc. L’auteur surfe sur les contradictions, les surprises, les mystères, avec lucidité et souvent avec humour, toujours avec pertinence.

 

Evidemment quelques uns de ces exemples doivent laisser perplexes des gens qui prétendent connaître parfaitement la Pologne. Alors, il faut plonger dans ce dictionnaire pour savoir, ce que l’on savait, et ce que l’on suspectait, et ce que l’on ignorait…

 

Un livre pour mieux comprendre la Pologne, pour mieux l’aimer, pour mieux la découvrir.

Un livre à lire, avec des sourires garantis et parfois des rires avec des « ah c’est bien vrai ça ! »

 

Un livre à lire, à relire dans n’importe quel ordre, à offrir à nos amis et à nos enfants.

 

Au détour d’une page, je découvre ce proverbe qui se révèlera encore longtemps  pertinent: « Là où il y a deux Polonais, il y a trois avis ». C’est tellement vrai là-bas ! Mais c’est encore plus vrai, hélas, dans notre Polonia de France, là où il y a, au sein de la même mouvance religieuse  et de la même orientation politique, une incapacité à s’unir.

 

Le 14/02/2023                                                                       Pierre Frackowiak

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Une pensée et une place pour les juifs polonais

Mój kamień

Une pensée et une place pour les juifs polonais

Mon ami Henri Sobowiec – plus de 60 ans d’amitié avec de vifs débats – m’informe de l’édition de son livre : « Stanisław MUSIAL. Noir c’est noir. Réflexions sur les relations entre l’Église catholique polonaise et les Juifs » Textes traduits du polonais par Henryk SOBOWIEC, annotés par Henryk SOBOWIEC et Daniel TOLLET (docteur ès lettres, ingénieur de recherche). Éditions Honoré Champion, collection « Bibliothèque des religions du Monde ».

Le père Stanisław Musiał (1938-2004) était un homme de dialogue et de paix. Né en Pologne, dans la région de Nowy Sącz, dans un milieu paysan et antisémite, il ne découvrit l’existence – ou plutôt l’absence – des Juifs en Pologne que tardivement, alors qu’il était élève d’un séminaire catholique. Il fut  conduit à se demander pourquoi ces gens n’étaient plus là et surtout pourquoi personne n’en parlait. Le père Musiał consacra dès lors ses activités à approfondir ses connaissances des relations judéo-chrétiennes, depuis les racines communes jusqu’à l’affaire du Carmel d’Auschwitz (1984-1989). En 2001, le père Musiał rassembla, en un recueil intitulé Noir c’est noir, une série d’une vingtaine de ses articles. Cet ouvrage lui valut d’être le premier lauréat polonais du prix Pulitzer après la chute du communisme mais aussi d’être mis au ban de l’Église catholique polonaise.

Henri Sobowiec a traduit les textes de l’auteur et leur a donné une préface. Daniel Tollet, historien spécialiste de l’Histoire de Pologne, a rédigé les notes.

La lecture de cet ouvrage – comme, pour le liévinois que je suis,  la rafle des juifs  de Lens du 11 septembre 1942. 528 personnes dont 288 enfants – imposent de réfléchir à l’histoire de la Polonia en s’élevant un peu au-dessus des manifestations traditionnelles. Je ne peux pas concevoir que l’on puisse créer un Centre Culturel de la Polonia de France sans une pensée et sans une place pour les juifs, les 1000 ans de leur histoire en Pologne et les 100 ans d’histoire en France, et notamment dans les bassins industriels comme le Nord-Pas-de-Calais. Ce serait non seulement une faute sur le plan de  l’honnêteté intellectuelle et morale, mais une insulte à la démocratie.

D’autant que mon vieux copain Henri Sobowiec, viscéralement attaché aux valeurs fondamentales, à la liberté et à la démocratie, m’écrit :

Le pèlerinage de Jean-Paul 2 en Israël

Il fut convaincant ce pape polonais lors de son pèlerinage en Israël ! Des milliers de Juifs par le monde constatèrent de visu la sincérité de ce vieil homme perclus de douleurs ; ils furent touchés par cet homme qui surmontait ses souffrances pour venir à eux. Il les émut profondément, lui qui n’avait plus de raison de faire semblant, de jouer la comédie. Certains disaient n’avoir pas quitté leur téléviseur trois jours durant, ce qui ne leur arrivait jamais. Sa visite à Yad Vashem pendant laquelle il n’a pas dit un mot car ce qu’il ressentait était indicible. Cette image où on le voyait glissant sa feuille de prière dans le Mur des Lamentations fut un moment clé : il exprima alors son respect du judaïsme reconnaissant que cette prière juive était importante pour Dieu. Élie Wiesel, le célèbre écrivain, a résumé ce voyage par un aveu : « Jusqu’alors quand je croisais une église, je passais de l’autre côté de la rue, par méfiance du christianisme. Désormais je ne changerai plus de trottoir, car depuis cette visite j’ai cessé d’avoir peur des chrétiens et du christianisme »

Alors ? A quand une pensée, un mot, une place pour les juifs polonais dans nos réflexions et nos projets, ne serait-ce que pour les rendre un peu plus crédibles ?

 

Le 11/02/2023                                                                                             Pierre Frackowiak

 

Henri Sobowiec a aussi écrit une petite anthologie de la poésie yiddish, qu’il a traduite du polonais. 22 pages A4 que je peux vous envoyer en PJ

Petit extrait de « Ne crois pas » Itzhak Leibush Perec (1852-1915) Grand classique  de la littérature yiddish

Ne crois pas que le monde soit une auberge,

Où l’on se fraie un chemin jusqu’au comptoir

Avec bec et ongles pour bâfrer et se soûler pendant que

D’autres désabusés regardent de loin

En ravalant leur salive, l’estomac secoué de crampes !-

Ô ne crois pas que le monde soit une auberge !

 

 

 

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Pour un centre culturel de la Polonia de France

Mój kamień

Un centre culturel de la Polonia de France

Une idée qui chemine…

La célébration du centenaire de l’immigration massive des Polonais en France, avec ses expositions, ses concerts, ses spectacles, ses banquets dansants, ses fêtes, ses cérémonies, a permis de constater une fois de plus que l’attachement aux racines des générations successives depuis 1919 reste une réalité. Elle peut étonner  les prétendants à l’assimilation qui gomme les particularismes et homogénéise la société. On reconnait pourtant que les doubles cultures sont une richesse pour les hommes et les femmes qui les possèdent aussi bien que pour les pays qui les accueillent. Deux questions lancinantes se sont imposées au fil des mois, quand les tables ont été débarrassées, les rideaux tirés, les larmes de la nostalgie séchées : 1° que restera-t-il de toute cette période de célébration ? 2° que sera la Polonia du futur ?.

L’idée a alors germé d’un lieu qui soit à la fois lieu de mémoire, espace muséographique, centre culturel vivant, salle d’expositions, avec des programmes annuels de spectacles, des conférences, des boutiques et des services. Valorisation du patrimoine immobilier (rues, églises, cités « polonaises »). Lieu ouvert à tous les publics afin de dépasser l’entre-soi, agréable certes,  mais réducteur, condamné à l’usure du temps.

D’autres immigrations ont réussi à créer des structures pérennes :un institut de leur monde, un musée, une maison intéressante ouverte pour  tous. On sait que les écomusées se sont multipliés, sur la base d’un patrimoine immobilier préservé. Pas seulement en milieu rural. La Pologne elle-même entretient un réseau d’écomusées très important (les skansen)

Pour la Polonia de France, un site a été repéré, réunissant un grand nombre d’atouts, au cœur du bassin minier, inscrit au patrimoine de l’UNESCO, au croisement des grands axes de circulation (A1, A 21), à proximité des aéroports (Lille , Charleroi), desservi par les TGV,  inscrit dans un réseau d’entreprises culturelles (Louvre Lens, CHM Lewarde, Musées Arras Lille Douai). Il s’agit du site de Dourges avec son église polonaise, son presbytère et son jardin, sa cité Bruno et ses équipements, et sa densité associative polonaise exceptionnelle.

L’idée chemine lentement, très lentement, trop lentement. On piétine. On en vient à douter de la volonté des responsables actuels du projet. Il serait salutaire d’analyser les raisons des lenteurs, de faire preuve de lucidité, de faire connaître le projet, d’avoir un plan de communication et de démarches affiché, avec un site Internet vivant, adapté sérieusement aux enjeux et aux publics potentiels. Il faudrait en particulier donner de la matière relative au projet, des informations très régulières, immédiatement accessibles, aux interlocuteurs institutionnels et économiques qui seront démarchés.

Il faudrait déjà associer des représentants de la Polonia de tout le bassin minier (du bruaysis et Vaudricourt au douaisis et au valenciennois) et de toute la France (on peut travailler si facilement à distance aujourd’hui), avec un CA élargi, mobilisant des compétences diverses, un comité de soutien composé d’universitaires, d’artistes, d’auteurs, de personnalités, d’élus connus, etc, appelé à devenir le conseil scientifique de la structure. Il faudrait faire la preuve de la capacité à réaliser un programme culturel annuel de préfiguration, sans attendre. Il faudrait d’ores et déjà lancer un appel national au soutien, et même un appel aux dons pour un compte spécifique. Il faudrait un soutien clair des Etats (ambassade de Pologne et direction régionale des affaires culturelles). Etc

Nous en reparlerons peut-être… s’il n’est pas déjà trop tard.

Le 10/02/2023                                                                                              Pierre Frackowiak

 

Commentaire d’un ami. Pessimiste ou réaliste ?

Dans  le  cadre  de  tes  angoisses ,  Pierre,   tu  vas  bientôt   falloir  commander  un  tombereau  de  « Kamien »  pour mettre  un  ho la   aux  envies  de  fêter le  Centenaire,  chacun  din sin coin, n'importe  commin ,  cela  risque  de  voler  bas   comme  d'hab   hélas. Il  suffit  de  jeter  un œil  sur  Facebook. Je crois que  ça  va  être  un  sacré  charivari  malheureusement.  Et  chacun va y aller de sa vantardise  .........Ché  ter tous  les  meilleurs, mais  en  faisant  tous  el’ même  chose,  incapable  d'originalité   et  de  hauteur  .Je  crois  qu'il  va être  trop  tard. J'avais  quelques  idées d'organisation  mais  en volant un  peu  plus  haut. Ché  pas  des  raconteux  d'histoires  ( désolé )   qu'il  faut,  mais  des  vrais  chefs  d'orchestre et  metteurs en  scène  .

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La scolarité des enfants d'immigrés polonais

Mój kamień

La scolarité des enfants d’immigrés polonais.

Le livre de Jean-Luc Sochacki, « La scolarité des enfants d’immigrés polonais », édition l’Harmattan, mars 2021, mériterait largement d’être repris, étudié, analysé, exploité, en cette période qui s’achève, de célébration du centenaire de l’immigration massive des Polonais en France. Jean-Luc Sochacki  est docteur en sciences de l’éducation. L’ouvrage est fondé sur sa thèse de doctorat. Il traite le problème, exploitant toutes les archives disponibles en France et en Pologne,  dans le « contexte paternaliste de la Société Métallurgique de Normandie », mais il est évident que son analyse peut parfaitement s’appliquer à d’autres régions de France, et notamment au bassin minier du Nord-Pas-de-Calais. Notons qu’il s’appuie largement sur les travaux d’auteurs que nous connaissons bien : E. Gogolewski, G. Garçon, J. Ponty.

On ne manquera pas de s’intéresser à son regard expert sur la convention franco-polonaise de 1919 qui a régi l’immigration, sur ses faiblesses, ses vides, notamment s’agissant des enfants, et sur l’histoire générale de l’immigration, que certains s’évertuent à présenter comme mirifique, « 100 ans d’amitié franco-polonaise », ce qui jette un voile sur les réalités que nous n’avons pas le droit de dissimuler si nous voulons vraiment honorer nos ascendants et apporter notre pierre à la construction du futur en tirant des leçons du passé.

Page 202 : « Il reste donc inexact d’affirmer que les Polonais arrivés en France dans les années 1920-1930 se sont facilement intégrés dans la société française sans le moindre problème. Ce serait oublier le regroupement, l’entre-soi au sein de structures associatives et la forte volonté d’un maintien de la polonité… (…) Tout cela prouve bien qu’il y a eu, dans un premier temps, une réelle résistance au phénomène d’intégration du côté des Polonais et parfois des défiances teintées d’un racisme latent en France, pays d’accueil dans lequel nous pouvons aujourd’hui encore entendre résonner le poncif « polak » (plus souvent même « sales polaks »), ainsi que l’écho des pleurs des mineurs, des femmes et des enfants de Leforest exclus et renvoyés de France en 1934 »

Très beau livre. Très bon outil pour échapper aux images d’Epinal un peu communautaristes (qu’on le veuille ou non), des kluski/ogorki/bigos. Excellent document pour mobiliser l’intelligence humaine reprenant ces phrases fondamentales de l’historien Jacek Rewerski : « Je suis historien. Mais l'histoire doit nous servir à construire l'avenir et non à vivre en permanence avec les fantômes du passé et avec l'image d'une Pologne romantique et décrite dans "Pan Tadeusz" ou chantée par Mazowsze »

Un regret quand même : le peu de place donnée aux représentations, aux réactions, au vécu des enfants eux-mêmes et l’absence d’évocation du problème de la réussite scolaire. Je rêve que de nouveaux « Gogolewski, Garçon, Ponty, Rewerski » et Sochacki s’intéressent à la question. N’entendait-on pas dans les corons affirmer que les « petits sales polaks » réussissaient plutôt bien malgré tout. Dans le même ordre d’idées, j’ai déjà proposé à René Zalisz (chercheur en chimie pharmaceutique, vice-président des anciens élèves) que l’on regarde de près les parcours des cohortes d’élèves de Saint Casimir, notamment des gosses de pauvres qui ont réussi. Ceci sans a priori, juste pour comprendre les facteurs de réussite en général dans les systèmes éducatifs d’hier et d’aujourd’hui, au-delà des débats sur les idéologies et sur l’élitisme républicain de Jules Ferry.

A quand un programme de rencontres, de débats, de réflexion collective, sur ces questions de fond… et bien sûr, avec en intermède ou en final endiablé, un régal de kluski na parze et une bonne série de polkas ?

Qui organisera cela pour célébrer dignement le centenaire ? Levez le doigt !

Le 6 février 2023.                                                                           Pierre Frackowiak

 

 

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