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Za chlebem. Un livre qui est plus qu'un livre

Pour du pain. Za chlebem. Hania Raczak

Un livre qui est plus qu’un livre.

Quand on tourne la dernière page de ce très beau livre, quand on sort du livre, c’est comme si l’on sortait d’un théâtre quand la pièce nous a ému, bouleversé, parce que chacun des 27 personnages présentés nous rappelle, ne serait-ce qu’un peu, l’un des nôtres, parce que l’éclairage général de la scène par la préface de Christian Nowicki  ne peut pas s’éteindre, parce que les photos nous invitent à replonger dans les nôtres, parce que les chants et chansons évoqués résonnent encore en nous, parce tant d’anecdotes, si bien écrites, nous tirent les larmes ou les rires. Les mots et les images se bousculent dans notre tête. Les émotions, en revivant les bonheurs et les malheurs, les humiliations et les honneurs, les réussites et les douleurs, sont toujours présentes, vivantes.

Il est vrai que ces descriptions touchent plus particulièrement ceux qui, comme moi, étant de la 3ème génération, ont connu la vie de la communauté polonaise dans sa réalité, dans une cité minière, dans cette maison des mines que mes parents n’ont jamais quittée, avec son jardin, ses poulaillers, ses clapiers, avec ces champs éloignés car le jardin ne suffisait pas, son fumier à transporter, enfant de chœur polonais qui connaissait toutes les maisons des polaks pour avoir chanté dans chacune des koledy quand le curé les avait bénies, etc. Mais il faudrait que chacun puisse les lire pour comprendre, nos descendants évidemment, mais également tous les citoyens d’autres souches, qui s’intéressent à l’histoire, aux problèmes de société d’hier et d’aujourd’hui, à la nature humaine. Et aussi, tout simplement, ceux qui aiment lire des textes bien écrits et intéressants à de nombreux égards

Est-ce un livre ? Oui, évidemment, puisqu’il est édité, mais pas seulement. Des portraits, des évocations, mais pas des biographies qui pourraient être ennuyeuses. Des archives, mais pas celles qui s’accumulent sous les poussières et que personne ne va voir. Des photos, plus de 100, qui sont pareilles que les nôtres. De la géographie avec ses paysages. De l’histoire avec ses guerres, ses héros, ses victimes et ses frontières. Des histoires de vie, des parcours, des chemins vers ici et vers ailleurs. Des témoignages précieux, comme nous risquons d’en perdre trop, si des Hania et d’autres n’avaient le courage de les écrire pour l’éternité.

Il est impossible de résumer les portraits, mais il y a  dans chacun d’eux des éclats, des accroche-cœurs, des petits piédestaux invisibles à l’œil sec, des mots à graver quelque part ou partout.

C’est Wojciech qui dit : « L’eau glacée envahit mon être. Mon esprit flotte entre folie et résignation, entre abandon et résistance. Ma dignité, c’est ma force »

C’est Josia qui rappelle une phrase de son frère, l’autodidacte Ignace dont j’ai déjà parlé dans ce blog : « Nous sommes les descendants des serfs poznaniens, mais ça ne nous empêche pas de nous cultiver »

C’est Helcia : « La guerre est un mot qui fait peur »

C’est Veronika : « Peut-être que moi aussi, un jour, je saurai déchiffrer le mystère des mots »

C’est Stanis :  « Mes fils doivent comprendre que la vie s’apprend en travaillant. Ils verront ce qu’elle leur réserve, ça m’étonnerait qu’elle leur fasse des cadeaux »

C’est Janek :  « C’est incroyable ce que l’on peut apprendre en écoutant »

C’est Walenty :  « Riez parmi les gens. Ne pleurez qu’en secret »

C’est Pawel : « Je planterai des arbres autour de la maison. Qui sait ? Dans 100 ans, ils penseront peut-être à moi sous les pommiers »

C’est Janina : « C’est qu’en France, on nous appelait les Polonais, et ici (retour en Pologne), on nous appelle les Français »

C'est  Stefcia, la "petite maman" de Hania: « Quand on est arrivés en France, on n’osait pas parler, on restait discrets. Et maintenant, 100 ans plus tard, c’est comme si vous nous rendez la parole. »

C’est Zofia sur son lit de mort qui murmure : « Surtout, n’oublie pas »

C’est tous les autres, dans le livre et hors du livre, dont il y a toujours quelque chose de fort à extraire.

Alors, avant de refermer le livre, comment ne pas voir en filigrane, à travers tous ces témoignages authentiques, toutes les valeurs qui sont portées, naturellement, spontanément, sincèrement, souvent sans même le savoir ? La fraternité, la solidarité, la gratitude, la liberté, le patriotisme… et par-dessus tout ça, l’Amour.

Alors, tout cela aura-t-il été fait pour rien ? Juste pour la mémoire, pour l’histoire, pour les cérémonies, pour célébrer les morts et entretenir la nostalgie chez les vivants ?

Soyons sûrs que le plus bel hommage que l’on puisse rendre aux 27 témoins et à tous leurs semblables, est de tout faire pour garantir l’avenir de la Polonia. La tâche est à l’évidence très compliquée. Mais nous le devons bien à nos chers parents et grands parents.

 

Le 27/10/2023.                                   Pierre FRACKOWIAK

 

Bonjour

Pour faire suite à votre publication sur l'ouvrage d'Hania, en 2005 lorsque j'ai commencé à faire des recherches généalogiques j'ai trouvé ces deux livres plus qu'intéressants sur l'immigration.

http://delibra.bg.polsl.pl/Content/25140/BCPS_28662_1939_Pamietnik-emigrantow.pdf?fbclid=IwAR0-xsGZamCMnprka5WBlvbgTwuNtFpHmy7jQqI3BPd_3Y6FAwrE4amgj2c

et celui-ci (rare) : https://www.amazon.fr/dp/B0017YTFP4?ref_=cm_sw_r_apan_dp_H01TZYCX6JZXWGGPVHK3&fbclid=IwAR1A_ECg2v14lQQJ6-0m4cPymyql5zsqIxHvXNjKShCDP4cB2cbMjvu4WY4

le 29 septembre 1928 le quotidien "Le Journal" commence à publier une série d'articles écrits par Georges LEFEVRE. Ce dernier est parti en Pologne avec un représentant de la SGI (Société Générale d'Immigration) et l'a suivi dans sa "tournée" de recrutement des travailleurs polonais puis est revenu en FRANCE au milieu des polonais recrutés.
On peut lire cette série d'articles sur GALLICA, https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k7628636k/f1.item
Cordialement
Patrick Chlond
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